François Bayrou a présenté ses voeux à la presse, vendredi 18 janvier, en appelant à "un pays uni et courageux" face à la crise. "La plupart des réponses aux défis d'un pays qui doit
conduire son redressement et sa reconstruction ne sont pas des réponses de camp", a-t-il rappelé avec conviction.
Mesdames, Messieurs, chers Amis,
Comme il est de bonne tradition, ces vœux s’adressent d’abord à chacun de vous, particulièrement à chacun de vous journalistes, dans un moment où la presse est en situation souvent difficile, et
donc où votre vie professionnelle est souvent objet d’inquiétude.
Que l’année rassure ceux qui ont besoin de l’être, qu’elle offre à tous des chances nouvelles et qu’elle vous donne une vie personnelle heureuse et épanouie.
Ces vœux s’adressent à notre pays.
Nous avons vécu une année 2012 marquée par de grands changements. Et ce début d’année 2013 multiplie les événements d’importance. Je veux avoir d’abord une pensée pour nos soldats et pour nos
otages, pour les victimes directes et indirectes du conflit en cours au Sahel. Je participais mardi comme élu du Béarn à la cérémonie d’hommage au chef de bataillon Boiteux, pilote émérite, d’un
courage intraitable, qui a trouvé la mort en ramenant son hélicoptère et son coéquipier à bon port. Je me réjouis de la solidarité très large qui s’est manifestée dans notre pays autour de la
décision d’engagement qu’a prise le Président de la République.
Je veux vous dire ceci : la prise d’otages tragique au sein du complexe gazier d’In Amenas montre la dimension de la menace potentielle à laquelle les pays libres doivent faire face. C’est
pourquoi selon moi, la décision qu’a assumée François Hollande était la seule décision à prendre. Il a pris cette décision avec la détermination et la célérité qu’imposait la gravité du risque.
D’avoir agi très vite, pour ainsi dire dans l’instant, dès qu’a été vérifiée la percée des forces djihadistes en direction du Sud, donc en direction de Bamako, cette promptitude dans la décision
a probablement été importante dans le coup d’arrêt porté à ce mouvement de troupes si dangereux. Nous apportons notre soutien à la décision du Président de la République et à la conduite de
l’action.
Il y avait en effet deux menaces de première grandeur, non pas contre le Mali et son État si fragile, mais contre la France, contre l’Europe, contre notre sécurité.
La première menace est de voir s’installer, sur un territoire deux fois grand comme la France, à quelques heures de vol seulement de notre pays, dans un pays francophone lié à nous par les liens
de l’histoire et par une présence nombreuse de ressortissants sur notre sol, pour la première fois dans le monde depuis l’Afghanistan, un État manifestement complice et acteur du terrorisme, des
prises d’otage, de l’imposition d’une loi fanatique, totalitaire, méprisant ouvertement les droits de l’homme et de la femme. La destruction obscurantiste de mausolées historiques, la
flagellation, l’amputation, la lapidation de ceux qui ne se soumettent pas à la lettre de la loi des fanatiques, la prise en otage des femmes reléguées dans leur maison, interdites de sortir à
visage découvert, ce retour en arrière de mille ans, tout cela est pratiqué depuis plusieurs mois à grande échelle sur le sol malien. Cela ne pouvait pas devenir la loi de tout un État dans cette
Afrique de l’Ouest à laquelle nous lient tant de liens. Laisser se créer dans l’espace francophone une base de repli et de soutien au terrorisme international, la France ne pouvait pas
l’accepter.
Le deuxième risque était lié à la présence de 6000 Français et de plusieurs centaines d’Européens à Bamako. Nous savons ce que c’est d’avoir des otages entre ces mains fanatiques. Nous en avons
huit et nous tremblons pour eux. Une fois l’État malien effondré, c’était une question d’heures, et c’est plusieurs milliers des nôtres qui risquaient de se trouver otages, de perdre leur cadre
de vie, leur liberté, leur tranquillité, et peut être d’encourir les pires exactions.
Les commandos Djihadistes étaient à quelques jours à peine, quelques heures de la capitale du Mali et de nos compatriotes. La France doit protection, non seulement aux pays amis, mais plus encore
à ses ressortissants, à ses citoyens et à ses intérêts de pays libre.
Il fallait donc agir. Agir vite et fort, sans hésitation et sans faiblesse, en tant que grand pays dont les intérêts vitaux sont en jeu. Y a-t-il des risques ? Il y en a.
Nos soldats courent de grands risques. On l’a vu dès les premières heures de l’opération malienne. On l’a vu dans l’opération somalienne. Il y a des risques pour nos armes et pour nos soldats. Il
y a des risques pour la suite.
Nous ne pouvons pas oublier qu’en Libye, la guerre que la France a voulue et conduite a libéré dans l’espace sahélien des hommes et des armes par lesquels le Mali et nous sommes attaqués
aujourd’hui.
Je ne doute pas que les autorités françaises envisagent déjà, avec la même détermination, le scénario d’issue de cette crise une fois réduite la menace venue du Nord. La réflexion sur la sortie
de cette crise doit être le fait du Mali et de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest, de ses voisins du Maghreb, de l’Union européenne.
Une telle opération est une lourde charge financière et opérationnelle. J’espère que nous serons aidés, puisque nous nous battons avec le soutien et au nom des Nations Unies et d’une grande
partie des pays de liberté. Maintenant que tous les pays qui ont perdu des otages à In Amenas vérifient les risques de laisser se développer une telle menace, je pense que l’Union Européenne, la
CEDEAO, les Nations Unies et l’OTAN doivent joindre leurs efforts pour que l’intervention soit la plus efficace possible et que les résultats à obtenir : le démantèlement des organisations
terroristes installées au Nord du Mali soit obtenu le plus rapidement possible.
Cette opération est une occasion de vérifier ce qui manque à notre armée. Nous manquons d’avions de transport. Nous manquons de drones pour apporter des renseignements utilisables sur les
étendues désertiques.
Nous devons consentir les efforts nécessaires pour que notre capacité militaire soit restaurée, notamment en ce qui concerne la projection de troupes sur un terrain extérieur. Mais ne nous
trompons pas : aucune armée européenne n’est en mesure de faire face seule à de pareils défis.
L’Europe de la défense n’est plus désormais une idée pour l’avenir : elle est une exigence pour le présent. Elle ne peut pas attendre. Il y a deux armées en Europe qui peuvent faire face à
des dangers de cette ampleur et de cette urgence, l’armée britannique et l’armée française. On vérifiera d’ailleurs ainsi que notre situation de membre permanent du Conseil de Sécurité des
Nations Unies n’est pas usurpée. Mais ces deux armées ne peuvent être laissées sans soutien de la part de leurs partenaires de l’Union.
Le coût des équipements et la charge financière que représentent les interventions imposent de mutualiser les équipements, de partager la charge financière, et de rendre les procédures inter
opérationnelles et les différentes forces armées effectivement coopérantes. Nous devons partager les avions de transport et les mutualiser. Nous devons partager les drones, éventuellement la
production de missiles. Le monde vers lequel nous allons sera un monde de plus en plus dangereux. Le déséquilibre et la dissymétrie dans la menace imposent de maîtriser une large gamme
d’équipements. Nous devons les mettre en commun aussi souvent que possible. La menace se mondialise : la sécurité doit se mondialiser elle aussi. Et l’Union européenne a le devoir,
l’impérieux devoir, de coordonner l’action des armées des pays qui la forment, de partager la charge, dans une véritable Europe coopérative de la défense, pour que nous ne soyons pas désarmés
face à la montée des périls.
Et tout le monde voit bien que la menace n’est plus réellement, dans l’état actuel des choses, de pays développé à pays développé. La menace est dans des conflits liés au terrorisme, à la volonté
de groupes terroristes de s’attaquer à notre modèle de civilisation, celui de la liberté personnelle, de l’égalité entre femmes et hommes, du respect des modes de vie choisis. La tentative
explicite de restaurer la loi régressive d’il y a mille ans, dans une volonté de voir naître des khalifats fantasmés, qui se traduit par le totalitarisme le plus barbare est aujourd’hui une
menace mondiale. Nous avons participé à la lutte contre cette barbarie sans frontières en Afghanistan. Plusieurs dizaines de nos soldats ont donné leur vie à cette cause. Mais c’était les
Américains, dans les suites du 11 septembre, qui étaient là-bas en première ligne et assumaient l’essentiel de la charge. Cette fois, en raison de l’histoire et de la géographie, dans l’espace
francophone de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, qui sommes en première ligne.
Dans une crise de cette ampleur, surprenante pour beaucoup dans sa soudaineté, le monde des responsables politiques français s’est comporté de manière solidaire. Les réactions de mise en cause
ont été rares. Je vois là une raison d’espérer. Voir les courants démocratiques solides et solidaires, voir notre pays courageux et uni, cela participe beaucoup au soutien des soldats, et à la
force de l’image de notre pays, y compris face aux adversaires implacables que nous devons affronter.
C’est pour moi l’occasion d’une réflexion que je conduis depuis longtemps : la solidarité que nous manifestons devant la menace terroriste et djihadiste, nous devrions nous en inspirer pour
les autres dangers que la nation doit affronter. J’ai souvent défendu l’idée que notre société était aussi gravement menacée par le risque de notre effondrement économique, de l’affaiblissement
général de la production, qu’elle l’était devant un risque de guerre. Les familles désespérées par le chômage des parents ou des enfants, l’impossibilité à continuer à financer notre modèle
social ou de services publics, c’est moins brutal mais à terme aussi grave qu’une guerre extérieure.
Solidaires et responsables, courageux et unis face à la guerre, nous devrions l’être aussi face au chômage ou aux menaces économiques. Je ne défends pas cette idée par idéalisme, ou par irénisme.
Je la défends parce que l’ampleur des changements, psychologiques, juridiques, sociaux, que nous devons conduire pour que la France retrouve sa force et son rayonnement sont tels qu’ils ne
peuvent être portés par une minorité partisane.
Plus la crise est grave, plus elle exige que la charge et la responsabilité soient partagées. Plus les dangers sont menaçants, plus l’unité du pays est requise. Nous sommes, au Mouvement
démocrate, les défenseurs et les militants de cette unité nécessaire dès que l’essentiel est en jeu. Je n’ai jamais cru que le jeu de la bipolarisation permettait de résoudre les problèmes de
notre pays.
La bipolarisation, le quasi bipartisme, puisque l’essentiel de la vie politique parlementaire dépend des deux partis dominants, qui distribuent les circonscriptions selon leur bon vouloir, à qui
et seulement à qui accepte de passer sous leurs fourches caudines, ne résout rien. Elle livre chacun des camps à l’influence dominante des plus excessifs. Elle entraîne perpétuellement aux
promesses d’abord mirobolantes, ensuite absolument décevantes. Elle nourrit donc le rejet de la vie publique.
Or la plupart des réponses aux défis d’un pays qui doit conduire son redressement et sa reconstruction ne sont pas des réponses de camp. Il est significatif et pour nous encourageant de voir que
dans la dernière enquête conduite par le Centre d’Études de la vie politique française, le CEVIPOF, 68 pour cent des Français jugent que ce clivage droite/gauche n’a plus de signification réelle.
Bien sûr, il est des tempéraments et des sensibilités, et des histoires personnelles ou familiales qui rendent plus proche nombre de Français de la droite ou de la gauche, c’est parfaitement
compréhensible et parfaitement honorable. Mais ce n’est plus le clivage dominant adapté aux temps que nous vivons.
Nous avons besoin de rendre confiance aux entreprises, de libérer l’État de ses déficits chroniques et écrasants, d’avoir un calendrier crédible de remise à niveau supportable de la dette, de
retrouver un climat national propice à la production, à la recherche, à la création, d’avoir un État où toutes les procédures sont simplifiées et débouchent sur des décisions, et non pas un État
autobloquant. La même chose pour les administrations publiques. Nous avons besoin de mécanismes de solidarité simplifiés et équilibrés. Nous avons des collectivités locales labyrinthiques et une
inertie très grande chaque fois qu’on envisage des changements. Nous avons une démocratie injuste et enlisée, et de plus en plus de Français qui affirment avoir perdu confiance dans les hommes
publics.
Tous ces enjeux ne se ramènent pas au droite contre gauche. Ils n’opposent pas une vision à une autre vision. Il y a, bien sûr, des différences. La principale de ces différences est sur l’impôt
et la dépense publique. Mais regardez : la majorité socialiste a créé au mois de juillet des impôts nouveaux pour les entreprises à hauteur de 20 milliards. Il n’a pas fallu attendre plus
tard que le mois de novembre pour qu’on annonce le même chiffre, 20 milliards, en crédit d’impôts, c’est à dire en contributions rendues aux entreprises !
Des économies sur la dépense publique, tout le monde devra en faire et si le gouvernement respecte ses annonces et ses engagements, il sera amené à réaliser davantage d’économies que celles qui
hélas ont été assumées, insuffisamment, par les gouvernements précédents. Il y a bien sûr des sujets symboliques. Mais même sur ces sujets de société, on voit bien que les réticences ou les
faveurs traversent tous les camps.
On l’a vu, dimanche dernier avec la grande manifestation contre le mariage homosexuel. Un mot au passage des décomptes. Nous avons une longue habitude du jeu de rôles, c’est même devenu
proverbial, entre les décomptes de la police et ceux des organisateurs. Mais pour ceux qui comme nous ont vu les heures et les heures de défilé ininterrompu des trois cortèges, l’immense foule du
champ de Mars, les milliers de personnes gelées qui rentraient quand tant d’autres milliers n’étaient pas encore arrivées, on ne nous fera pas croire qu’il n’y avait là que l’équivalent des
tribunes de quatre stades de France ! Tous les pouvoirs, les uns après les autres, se sont servis de ces facilités. Mais c’est régressif et cela nourrit la défiance.
Il serait un grand progrès qu’on mette en place une autorité indépendante, légère, accompagnée et contrôlée par des représentants des grands courants d’opinion, avec des outils fiables, par
exemple logiciels informatiques pour qu’il n’y ait plus ce jeu stupide ! C’est un élément de démocratie que de savoir de manière insoupçonnable combien de personnes participent à ces
manifestations qui sont un droit constitutionnel et une expression dans la démocratie vivante !
Et le Président de la République devrait réfléchir à ceci : il faut qu’il reçoive les représentants de ceux qui ont défilé ; il faut qu’il parle avec eux ; qu’il entende leurs
arguments, spécialement dans un moment d’unité nationale. C’est sa responsabilité que de se sentir, et d’être, président de tous les Français, pas président d’une majorité, pas président des
siens, président de tous. Il est aussi le président de ceux qui éprouvent des peurs et des craintes, qui touchent non pas leurs intérêts mais la conception même qu’ils ont de la société et de la
vie ! On peut être en désaccord, bien sûr. Mais on a le devoir de se parler. Il est malsain de considérer comme négligeable une partie de la nation. C’était vrai hier, c’est d’autant plus
vrai aujourd’hui. Car François Hollande a été élu en particulier par des citoyens qui voulaient qu’on entre dans une période de réconciliation et de compréhension des Français entre eux !
L’unité du pays est une obligation en temps de crise.
Si on comprend que le clivage perpétuel entre droite et gauche n’est plus ni le seul, ni le plus juste, alors on découvrira qu’il n’existe qu’une confrontation de fond. Ce n’est plus la
confrontation des deux camps : c’est la confrontation de ceux qui veulent les réformes nécessaires contre ceux qui les refusent. La France a besoin d’une politique courageuse et réformiste, pour
sortir de son enlisement et des difficultés dans lesquelles elle s’épuise. Et il est des forces nombreuses et puissantes qui s’opposent à ces réformes.
On le verra lorsque viendra la mise en forme législative de l’accord très important qui a été négocié entre syndicats réformistes et représentants des entreprises. C’est un accord qui comporte,
pour les entreprises et pour les salariés des progrès substantiels. C’est un accord de véritable contenu. Or on commence à entendre à la gauche de la gauche, y compris au sein du PS, une critique
extrêmement virulente de ces accords. Cette critique a d’ailleurs été rejointe dans les mêmes termes par l’extrême droite. Les réformistes en cette matière de droit du travail, contre ceux qui
refusent toute évolution.
On va le voir à propos du statut des élus. L’engagement de François Hollande pendant la campagne électorale a été très clair. C’est l’engagement de mettre un terme au cumul des mandats pour les
parlementaires. Président, il a réitéré cet engagement. Mais on voit bien qu’une très puissante résistance va se manifester, venant de tous les bords, lors de l’examen de la loi. Les réformistes
contre ceux qui refusent toute évolution.
C’est vrai en particulier sur le cumul des mandats. On commence à entendre, dans la majorité comme dans l’opposition, ceux qui s’opposent et ceux qui rusent en prétendant repousser aux calendes
grecques ou à la saint glin-glin comme on voudra l’application de cette règle. Je veux vous dire ceci qui est très clair. C’était un engagement formel. Ce serait une trahison des électeurs que
d’organiser une élection municipale en 2014 sans qu’ils aient l’assurance que les élus seraient effectivement maires ou adjoints pour la durée du mandat. Que l’on applique cette loi au moment du
renouvellement de chaque assemblée ! En 2014 pour les municipales, en 2015 s’il y a lieu pour les autres élections locales ! C’est cela qui sera franc et clair. Tout autre habileté
d’opportunité devra être combattue.
C’est l’occasion aussi, je le dis avec insistance, de clarifier le labyrinthe des collectivités locales. Pour l’instant, sur ce sujet, la volonté réformiste paraît absente. Nous devons la porter.
Au total, sur tous ces sujets, ma conviction est celle-ci : pour obtenir un changement réel de notre vie publique, il faut dépasser ces résistances et les dépasser par des changements
profonds. Par exemple, nous n’obtiendrons une vie parlementaire rénovée que si nous rendons aux parlementaires un poids nouveau, une logique nouvelle et des moyens nouveaux. Je défends donc
l’idée d’une diminution du nombre des parlementaires, par exemple une Assemblée nationale à 400 députés. Une loi électorale nouvelle, à laquelle le candidat François Hollande s’est explicitement
engagé avec l’introduction d’une dose de proportionnelle qui rendrait juste un scrutin pour l’instant gravement injuste.
Si l’on prend les scores au travers de la dernière décennie de l’extrême gauche, de l’extrême droite et du centre, ces trois courants au travers de leurs différents candidats ont obtenu en 2002,
2007 et 2012 quelque 40 pour cent des voix. Quelle est leur représentation à l’Assemblée nationale, moins de 1 pour cent des sièges ! C’est une injustice crasse et qui explique le désintérêt
des Français pour une vie parlementaire qu’ils regardent comme un jeu de rôle, mais pas comme le débat passionnant et passionné que devrait organiser l’Assemblée nationale de la République. Idem
pour le Sénat.
Je propose à François Hollande, si ses conclusions ne le portent pas à l’adoption en France du scrutin de tous les autres pays européens, un mode de scrutin inédit, juste et efficace. Les trois
quarts des sièges attribués comme aujourd’hui au scrutin majoritaire de circonscription. Un quart des sièges mis en réserve, distribués en deux parties : la première partie attribuée à la
coalition arrivée en tête pour lui permettre d’obtenir la majorité absolue. Et la deuxième partie, ce qui reste, attribuée aux partis non représentés, ou sous représentés au prorata du choix des
Français.
Cela ne se fera pas de manière anodine et sans déranger personne. Il existe, à mon avis, une seule voie pour dépasser les résistances de ceux qui, en place dans le système, veulent que rien ne
change, même ce qui va très mal. C’est le recours au peuple, l’appel au référendum. Sur ce sujet, il existe une majorité pour le changement, et de ce changement nous avons le plus urgent
besoin.
La France a besoin que l’on bouscule ce système épuisé. La France a besoin de comportements nouveaux, d’une vie publique renouvelée, surprenante, vivante, qui ne soit plus un monopole, même
partagé à deux. Je dis à François Hollande : sur ce sujet, il est une majorité de Français prêts à suivre un président novateur ou rénovateur, qui ferait appel à leur dynamisme et à leur
volonté civique.
Sur ce sujet, comme sur d’autres économiques et sociaux, les Français sont demandeurs de direction claire et d’audace, qui feront mentir les prophètes du « rien ne changera
jamais ! ». Courage et unité. Je forme le vœu que cette année nous permette de faire avancer ces deux nécessités.
2013 sera, en principe, une année sans élections. Ce sera donc forcément une année de préparation pour les échéances électorales de 2014. Je veux vous dire un mot de ces échéances. En 2014,
élections municipales et élections européennes. En principe.
Je dis « en principe » car il y a, pour mois, des doutes importants, que Manuel Valls a lui-même pris en compte, sur la constitutionnalité d’un report des élections régionales. Car ce
serait un report de pure opportunité ! Le Conseil Constitutionnel acceptera, je pense, l’idée que les élections aux conseils départementaux puissent être décalées en raison de la nécessité
de redécoupage si la loi baroque repoussée hier soir par le Sénat en venait finalement à être adoptée. Mais le Conseil Régional qui ne nécessite aucun redécoupage, aucun changement, ne verrait
son élection repoussée que par opportunité politique. Et il n’est pas constitutionnel d’allonger les mandats des élus simplement par une décision qui sert les intérêts des uns ou des
autres ! Donc, je n’écarte pas l’idée que nous devions en 2014 voter aussi pour des élections régionales !
Un mot des élections municipales : nous sommes décidés à les préparer avec un principe et une volonté. Le principe c’est de les préparer non pas sur une base politicienne, fondées sur
des étiquettes, mais sur une démarche d’équipes et de majorités locales. Ce qui compte pour une ville, ce n’est pas l’étiquette des candidats, mais leur qualité humaine et leur projet. J’ai en
mémoire l’expérience des GAM, groupes d’action municipale, qui changèrent autrefois la face de bien des villes.
Ces groupes ont été constitués « par des militants et des animateurs qui considéraient que les partis politiques ne répondaient pas en tant que tels aux besoins des citoyens ». Première
expérience de « démocratie participative ».
Cette affirmation est absolument fondée aujourd’hui. Le Mouvement démocrate portera aux élections municipales une démarche inspirée des mêmes principes. Ce qui prévaudra pour nous ce ne seront
pas les étiquettes politiques, ce sera la qualité des femmes et des hommes et la qualité des projets.
Nous allons mettre en place une coordination nationale de ces équipes d’action municipale, des partages d’expérience, une volonté d’ouverture, de travailler avec d’autres équipes, de porter des
idées concrètes, parties du terrain, de faire apparaître des visages nouveaux, que les structures de partis politiques traditionnels ne permettraient pas de faire apparaître. J’aurai l’occasion
de vous parler plus explicitement de cette démarche municipale et de ces équipes d’action locale dans quelques semaines, avant la fin du mois de février.
Viendront ensuite les élections européennes. L’Europe est un grand enjeu pour la France et un grand enjeu pour le monde.
La crise d’impuissance que l’Europe traverse, la crise de confiance qu’elle rencontre auprès des citoyens, je vous le dis ouvertement : c’est notre affaire ! Nous sommes le courant
politique qui a sans cesse porté, précisé, soutenu, l’idée européenne. Nous sommes le courant politique qui a sans cesse appelé à la double exigence : Europe efficace, Europe accessible aux
citoyens.
Nos députés européens sont actifs et vigoureux. Nous avons réfléchi depuis des années aux nécessités de l’Europe, aux causes de ses difficultés, nous relevons ce défi. Nous serons présents aux
élections européennes pour y défendre un programme de renaissance du projet européen ! Pas de ripolinage superficiel ! Un projet simple, qui appellera à recentrer l’Union Européenne et
son cœur, la zone euro, sur ses fondamentaux, action en commun, soutien de l’économie et de la production sur notre sol, droit de compréhension et d’accès reconnu aux citoyens européens, qui ne
peuvent pas être passifs et soumis mais actifs et informés, lien entre Europe et nation, entre Europe et identités.
Nous proposerons aux Français des idées robustes, simples, de nature à leur rendre la confiance en eux-mêmes dans l’Europe et dans l’action de l’Europe pour leur propre vie de peuple et de
familles. Nous considérons, je le dis sans fausse honte, qu’une telle reconstruction de l’idée européenne dans le débat des élections au Parlement Européen est à notre portée et nous relevons ce
défi !
La vie a fait que nous avons rencontré des difficultés électorales. Mais tous nos combats étaient justes. Il n’est pas de courant politique qui dans la dernière décennie ait dit aux Français les
vérités que nous avons portées. Nous sommes le mouvement de la vérité dite au pays et de l’unité du pays devant les défis de l’histoire. Cela forme une identité à nulle autre pareille. Et cela
nous donne une mission de précurseurs. Nous acceptons cette mission et nous la revendiquons. Bonne année à tous."