L'avenir incertain du stade Yves-du-Manoir

QUE VA DEVENIR le mythique stade Yves-du-Manoir à Colombes ?
Un grand stade de rugby ou un complexe dédié au basket, au volley et au hand ? Les deux peut-être ? L'incertitude règne sur l'avenir du stade.
L'ambitieuse restauration promise depuis quelques années pour accueillir des rencontres de rugby de haut niveau du Racing-Métro va-t-elle passer à la trappe ? Les services du secrétaire d'Etat aux Sports et ancien sélectionneur du Quinze de France travaillent depuis le mois de février sur la construction à Colombes d'un complexe couvert de 15 000 à 20 000 places dédié au basket, volley et hand. C'est « le projet BHV ». Se fera-t-il en lieu et place de l'enceinte sportive entrée dans l'histoire pour avoir accueilli les JO de 1924 ? Se fera-t-il à côté ? Le cabinet du ministre se gardait hier après-midi de préciser ses intentions.
Une chose est sûre : cette concurrence de projets suscite l'inquiétude et en premier lieu, celle du nouveau maire socialiste de Colombes, Philippe Sarre, qui a
bien failli s'étrangler la semaine dernière à la lecture d'un article paru à ce sujet dans « l'Equipe ».
Le projet BHV ? « C'est un projet dont je n'avais pas entendu parler, réagissait hier l'élu PS. Je trouve la méthode un peu cavalière. Bernard Laporte ne doit pas considérer Colombes comme son
terrain de jeu. » Philippe Sarre, par ailleurs conseiller général, a profité de la séance publique consacrée vendredi au budget pour s'entretenir quelques instants avec Patrick Devedjian,
président UMP des Hauts-de-Seine. Car le stade Yves-du-Manoir qui héberge les rugbymen du Racing-Métro et les footballeurs du Racing appartient au conseil général... Une réunion de concertation a
été arrêtée d'un commun accord mais la date n'est pas connue. Le président du Racing-Métro, Jacky Lorenzetti, PDG de Foncia (leader de la gestion et de la transaction immobilière en France),
défend pour son club un grand stade moderne de 35 000 places. Son équipe joue des coudes en Pro D 2 pour accéder au Top 14, l'élite du rugby français. L'ambitieux, qui rêve de brandir le bouclier
de Brennus et la Coupe d'Europe, a bâti son projet en lieu et place du vieil Yves-du-Manoir. Il proposait à l'horizon 2011, une enceinte dotée d'un toit rétractable, financée par des fonds
privés, regroupant aussi des terrains d'entraînements et un centre commercial et pouvant accueillir des spectacles en tout genre.
Seul hic, les transports ne permettront pas un flux de spectateurs supérieur à 14 000 par heure. Rédhibitoire les soirs de match ou de concert. Malgré sa volonté de jouer à Colombes, le
club francilien pourrait donc se tourner vers une autre terre d'accueil...
En attendant, le nouveau maire de Colombes refuse de rester sur la touche. « Quoi qu'il arrive, nous voulons garder l'histoire du stade. Les sports en salle ne sont pas dans la tradition de
Colombes. » La nouvelle municipalité compte aussi défendre le maintien du club de foot, qui assure « une vocation sociale et éducative », en formant des centaines d'enfants des quartiers
populaires de la boucle Nord des Hauts-de-Seine. La polémique ne fait que commencer.
Claire Guédon avec Olivier François
Le Parisien Hauts-de-Seine
15/04/08