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Le Blog du MoDem de Colombes

Taser: Sarre refuse d'équiper sa police

5 Octobre 2008, 23:01pm

Publié par MoDem-Colombes

Avec le fichier Edvige, une autre mesure, visant à assurer une meilleure sécurité, a été prise cette été par simple décret (publié le 23 septembre), celle qui autorise l’utilisation du pistolet à impulsions électriques (PIE) de type Taser aux 20 000 policiers municipaux.

Depuis le décret 200-276 du 24 mars 2000 (sous le gouvernement de Lionel Jospin), les policiers municipaux sont déjà autorisés à porter des pistolets et revolvers.

Notons que l'amée, la police nationale et la gendarmerie nationale ont l’autorisation de s’en servir depuis septembre 2006.  4 600 gendarmes et policiers en sont déjà équipés.

Le modèle prévu, le Taser X26, envoie à dix mètres deux dards sur l’individu cible qui lui transpercent la peau, ce qui lui occasionne une décharge électrique de 50 000 volts avec une très faible intensité, de deux milliampères. Les conséquences : la décharge agit sur le système nerveux et tétanise l’individu plus de cinq secondes (coupant temporairement les liaisons entre le cerveau et les muscles), le rendant hors d’état de nuire et facile à neutraliser.

Hier, dans l'émission Dimanche+, dans un reportage consacré au Taser, Philippe Sarre, a confirmé que les armes  à feux qui ont été retirées des Policiers municipaux à Colombes, ne seraient pas remplacées par le Taser.

"Je trouve que c'est quelque chose quand même d'assez fort.  Il paraît même qu'il y a eu des morts
Aujourd'hui par exemple, je croise encore des gens qui me disent "écoutez, c'est pas normal, vous avez un commerce de drogue important à tel endroit, et vos policiers municipaux, on ne les voit pas,'  Mais je m'évertue à leur dire "mais vous ne les verrez pas, je ne les enverrai surtout pas sur ce type de mission, parce que ce sont des missions pour lesquelles ils ne sont pas formés.  C'est à la Police Nationale d'assurer."

Martine Aubry n'équipera pas non plus du Taser la police municipale de Lille, pour les mêmes raisons que Philippe Sarre.

A propos de la police municipale, à Pau, François Bayrou avait parlé "des pratiques de sécurité, pour rassurer les gens, dans certains lieux, qui devraient être assumées sous cette forme, sous la forme d’une veille dont le but n’est pas la répression, mais la prévention. Je crois donc que l’on devrait développer en ce sens cette veille."  Il s'était prononcé contre les armes à feux.  « Je ne veux pas armer la police municipale. Pour moi, c’est pour la ville ce que les gardes champêtres étaient autrefois dans les villages ».

Dans un rapport remis le 8 février 2008 au Haut commissariat aux Droits de l’Homme et au groupe de travail du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies par le Réseau d’alerte et d’intervention pour les Droits de l’Homme (RAIDH), il a été constaté l’usage disproportionné du Taser par la gendarmerie nationale : 83% des usages du Taser X26 n’ont pas respecté le cadre envisagé par les procédures internes, à savoir la légitime défense et l’état de nécessité.

Dans le même rapport, il a été présenté le cas d’un malade mental qui a reçu le 12 mai 2006 six fois une décharge de Taser utilisé par un membre de la police nationale et qui a fait un arrêt cardio-vasculaire.

Par ailleurs, le Taser est considéré par le Comité contre la torture de l’ONU depuis le 22 novembre 2007 comme une arme de torture pouvant tuer : « L’usage de ces armes provoque une douleur aiguë, constituant une forme de torture, et (…) dans certains cas, il peut même causer la mort, ainsi que l’ont révélé des études fiables et des faits récents survenus dans la pratique. ».

Mais, selon une étude publiée en septembre 2007 par la revue des Samu de France, l'innocuité du Taser paraît confirmée "lorsque les précautions d'utilisation sont strictement respectées".

Taser… Edvige… Pourquoi signer des décrets sans réflexions plus approfondies : quelle société voulons-nous ? sommes-nous prêts à réduire nos libertés pour assurer notre sécurité ? ou au contraire, préférons-nous préserver nos valeurs fondamentales ?

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