Bayrou et l'OTAN
Au nom de l'indépendance de la France - principe cher à son coeur, pour lequel il s'était battu contre l'occupation allemande - le Général de Gaulle avait refusé de soumettre les forces
armées françaises aux décisions des Etats-Unis, dont l'hégémonie se faisait de plus en plus prégnante au sein de l'Otan. En mars 1966, il avait envoyé une lettre au président américain
Lyndon B. Johnson, le priant cordialement de retirer ses troupes stationnant sur le territoire français. Dans le même temps, il avait signifié à l'Otan que dorénavant la France ne mettrait plus
de troupes à sa disposition et ne prêterait plus systématiquement son espace aérien. Par cette décision, le Général de Gaulle entendait en finir avec l'atlantisme, qu'il considérait comme une
forme de domination américaine, et voulait signifier aux Etats-Unis qu'ils devaient traiter la France en alliée, non en vassal.
La volonté du Président de la République de réintégrer le commandement de l'Otan viendrait annuler la décision historique prise par le Général de Gaulle.
Des voix se sont élevées chez les Gaullistes ; Nicolas Dupont-Aignan et Dominique de Villepin sont clairement contre.
Lors de la Conférence Nationale de dimanche dernier, François Bayrou s'est élevé contre cette décision de réintégrer l'Otan. Pour lui, revenir dans l'OTAN serait une défaite pour la France et
pour l'Europe.
Une telle décision aurait dû être soumise à un référendum.
«On peut être indépendants en étant alliés, on ne peut pas être indépendants en étant intégrés...»
Pour lui, c'est "un aller sans retour" qu'est en train d'effectuer le chef de l'Etat. "En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité dans le concert des
nations", a-t-il déclaré, "nous abandonnons une part d'héritage et nous l'abandonnons pour rien".