Bayrou prééminent sur le centre face à Hollande
Le candidat PS à la présidentielle François Hollande pourrait rogner sur l'électorat centriste, mais le MoDem de François Bayrou veut relativiser ce risque,
assurant que seul son champion pourra réunir une large coalition des modérés de droite et de gauche face à la crise.
"François Bayrou a bénéficié ces derniers mois de deux miracles: le retrait forcé de Dominique Strauss-Kahn qui réduisait considérablement l'espace centriste, et celui de Jean-Louis Borloo qui prenait aussi sur son électorat de 2007", constate Frédéric Dabi (Ifop)
"Mais la victoire de François Hollande n'est pas une bonne nouvelle pour lui car le candidat socialiste exerce une attraction plus forte que ne l'aurait fait Martine Aubry sur l'électorat centriste", dit-il.
En effet, selon une récente étude, "Hollande prendrait 31% de l'électorat Bayrou de 2007 (soit 5 à 6 points) quand Martine Aubry n'en captait que 21% (3 à 4
points)", dit le politologue pour qui le candidat socialiste s'est "coulé dans le profil de DSK".
Au MoDem, on relativise "une perte très limitée" en estimant qu'elle sera largement compensée par les voix de déçus de centre-droit de Nicolas Sarkozy.
Conscient de sa force d'attraction sur le centre, François Hollande n'a cependant pas manqué dès dimanche soir de tendre la main aux amis de François Bayrou après avoir adressé un message identique aux écologistes et aux partisans de Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche).
"Il y en a d'autres qui ne savent pas s'ils sont de gauche, qui savent qui ne sont plus de droite, ce qui est déjà pas mal, et qu'il faudra bien accueillir le moment venu, s'ils le décident", a-t-il lancé.
"En fait, il nous explique que l'on ne sait pas où on est. Mais on est clairement au centre", a réagi mardi le porte-parole du MoDem Yann Wehrling en rappelant
l'ambition de M. Bayrou de réunir derrière lui des modérés de droite et de gauche.
Pour le leader centriste, il n'y a en effet pas une mais deux gauches: "une gauche responsable", avec laquelle il souhaite travailler et "une gauche des illusions".
Même analyse pour la droite, où il oppose les modérés à ceux qui lorgnent du côté de l'extrême-droite.
"La majorité que nous dessinons est bien plus large que celle proposée par François Hollande ou Nicolas Sarkozy et donc plus stable pour gouverner", a fait valoir Yann Wehrling.
Selon lui, M. Hollande a montré dans ses propos qu'il n'avait pas brisé "le mur de verre" séparant la gauche de la droite. "Il a simplement pensé que nous étions passés de son côté du mur, mais ce n'est pas vrai", a-t-il expliqué.
"Il a dit vouloir rassembler. Mais rassembler avec qui?", a demandé M. Wehrling avant d'apporter sa réponse: "un gros bout de l'aile gauche du PS".
"Il devient donc le candidat du projet socialiste", a-t-il constaté en dénonçant certaines de ses mesures "non finançables" (contrat de génération jeunes-seniors,
emplois dans l'Education).
"Ce qui compte pour nous, c'est la cohérence. On ne peut gouverner en étant tiraillé entre des options réformistes et des options extrémistes, il faut faire un
choix", a-t-il dit
Pour le MoDem, un seul homme peut réaliser cette union sacrée face à la crise: François Bayrou qui a fait la preuve de son indépendance et pourra donc prendre des
décisions courageuses sans être l'otage des extrêmes.
"Et puis, il y a dans une présidentielle une confrontation de personnalités", souligne-t-on au MoDem où l'on parie sur le charisme et l'expérience de leur
président, déjà candidat en 2002 et 2007.
S'il n'est pas au second tour, François Bayrou, qui a de bonnes relations avec François Hollande, a indiqué qu'il dirait son choix. L'instauration d'une dose de proportionnelle aux législatives sera au coeur des négociations.
(c)Le Parisien
http://www.mouvementdemocrate.fr/medias/wehrling-confpresse-hollande-181011.html