Hervé Morin
Hier, à Issy-les-Moulineaux, la journée parlementaire du Nouveau Centre a mal commencé pour Hervé Morin. Seul en lice depuis la défection de Jean-Louis Borloo le 2 octobre dernier, le président du Nouveau Centre n’a pas reçu tous les soutiens qu’il espérait. Présents : une vingtaine de parlementaires nouveau centre ou apparenté. Et justement, c’est un "apparenté" qui a lancé la première pierre : "Je soutiendrai François Bayrou en 2012", annonce fièrement Philippe Folliot, député du Tarn et membre de l’Alliance centriste de Jean Arthuis. A la sortie de la réunion à huis clos menée par Hervé Morin et Yvan Lachaud, président du groupe NC à l’Assemblée, la révélation fait mal. "Un seul député a dit cela", se justifiera plus tard Hervé Morin, "et un apparenté en plus", peste-t-il. L’important n’est pas là pour les dirigeants du Nouveau Centre, persuadés qu’il existe un espace "de centre droit" à l’élection présidentielle. "Il y a une déception chez les électeurs de droite et du centre qui ne veulent pas voter Nicolas Sarkozy au premier tour mais qui ne sont pas socialistes", explique Jean Dionis du Séjour, député du Lot-et-Garonne. Et François Bayrou ? "Voter Bayrou, c’est voter socialiste", répète en boucle Hervé Morin qui assure que l’avenir du MoDem se joue à gauche. "Si ils veulent un groupe à l’Assemblée, c’est la gauche qui le leur donnera", soutient le président du NC accusant presque le président du MoDem de ne pas être clair face à ses électeurs. "François Bayrou ne lèvera pas l’ambiguïté sur ses consignes de vote au second tour." "Il va rester dans le ni-ni", ajoute un proche qui revendique lui aussi son appartenance au "centre droit."
Au cours du déjeuner, l’ambiance se détend. Moins agressif avec les journalistes, Hervé Morin redit toute sa détermination. Selon lui, on ne peut prévoir ce qu’il se passera en mai 2012. Il prend pour exemple les 17% de François Bayrou en 2007 et ceux d’Arnaud Montebourg à la primaire socialiste de dimanche dernier, "Tous deux crédités respectivement de 6 et 4% dans les sondages". "Il faut tenir le cap, les Français ne sont pas figés", espère-t-il.
A l’heure du café, Luc Chatel fait son entrée. Très bien accueilli par André Santini, député-maire d’Issy-les-Moulineaux, il a échangé quelques mots avec Charles de Courson pour s’éclipser très vite, avant même le début de la table ronde sur l’éducation, pourtant raison officielle de sa venue…Patrick Ollier, le ministre chargé des relations avec le Parlement est aussi présent et François Fillon conclut la journée. Un bon échantillon du gouvernement, dont François Sauvadet, lui-même centriste et ministre de la fonction publique. "Nous faisons partie de la même majorité" assure le ministre en balayant d’une main la supposée candidature d’Hervé Morin : "Je ne l’ai pas entendu se déclarer, ose-t-il. "S’il le faisait, je l’en dissuaderais, c’est complètement prématuré". De son côté, le quinquagénaire semble prêt malgré tout : "J’ai la volonté, j’ai la détermination, j’ai un projet, j’ai écrit un livre", résume-t-il, sérieux. Il devrait annoncer sa candidature avant Noël, à moins que l’on ne l’en dissuade…
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