MoDem et alliances
Le vice-président du parti de François Bayrou, Jean-Luc Bennhamias, a réuni ses troupes samedi à Paris. Le chef de file de l'aile gauche du parti envisage des alliances avec la majorité présidentielle comme avec la droite modérée.
Je n’aime pas le mot courant. je préfère parler de réseaux. Toutes les personnes réunies samedi à Paris sont soit au Modem de François Bayrou, soit des ex-Modem, soit tout simplement des démocrates qui n’appartiennent à aucune formation politique. Ce sont des gens qui essayent de participer à des unions locales en vue des prochaines élections municipales. A Dijon, Montpellier, Grenoble, Lyon ou dans la communauté d’agglomération de Marseille, ils se retrouvent déjà dans des majorités locales proches de la majorité présidentielle. Mais ceux de nos amis qui se trouvent à Colmar, au Havre ou encore à Annecy travaillent au sein de majorité locale avec la droite modérée.
Notre volonté première est de faire en sorte que ce pays, la République française, dipose d'une majorité élargie reposant sur des valeurs communes, à savoir, la république, la démocratie, la laïcité et un discours fortement pro européen. Nous préférons voir, bien entendu, la réussite du gouvernement en place et de l’actuel président de la République plutôt que de se placer dans l’opposition par défaut. Cela ne nous empêche, en aucun cas, de faire des choix réalistes au niveau local en fonction de l’action menée par les équipes sortantes. Nous n’excluons donc aucune alliance parmi les partis du champ démocratique. Quand un maire dit de droite modéré est prêt à accepter dans son équipe des personnalités qui sont sur notre ligne politique, je ne vois pas pourquoi je refuserais. Je préfère quelqu’un qui se donne comme perspective l’intérêt général que quelqu’un campant sur des positions rigides sur une bipolarisation étroite. Je crois que l’exemple des régions allemandes ou encore ce qui est en train de se passer en Italie avec l’alliance entre le Parti Démocrate Italien et Mario Monti constituent des exemples à suivre.
Nous nous inscrivons parfaitement dans la logique des déclarations de François Bayrou durant toute la campagne présidentielle et de ce que met actuellement en place le gouvernement actuel. Tout le monde voit bien aujourd’hui qu’il y a beaucoup plus qu’un simple hiatus entre ce que fait la majorité gouvernementale, ce qu’elle représente et la majorité parlementaire.
Une formation politique ne meurt pas comme cela du jour au lendemain même si elle traverse une période difficile. Le Modem vit des moments difficiles. Je crois que notre initiative permet au Modem de se retrouver sur un espace politique plus large que celui constitué par le centrisme historique. Aujourd’hui assistaient à nos discussions des personnalités comme Michel Suchot de la Gauche Moderne et Républicaine et des représentants d’Europe Ecologie Les Verts.
Des membres des "Démocrates dans la majorité présidentielle" (l'aile gauche du MoDem) et de la fédération "Ecologie et démocratie" (structure élargie proche du parti de François Bayrou), ont participé samedi 26 janvier 2013 à une journée de débats "sur la situation politique nationale" et "la préparation des municipales".
François Bayrou a indiqué qu'il entendait poursuivre en 2014 la politique d'alliance à géométrie variable sur des projets municipaux, comme le MoDem l'avait fait en 2008. Il souhaite réhabiliter l'expérience des Groupements d'action municipale (GAM) des années 1960 et 1970 qui défendaient la mise en place de projets municipaux en dehors des logiques partisanes.
Les récentes prises de position de François Bayrou, qui n'est pas avare d'éloges envers l'exécutif socialiste – même s'il émet aussi des critiques –, ne sont pas pour déplaire à M. Bennahmias et ses amis. Ces derniers militent en effet pour une stratégie d'alliance à gauche dans les grandes villes. D'autres au sein du parti, issus du centre-droit, regardent vers l'UDI de Jean-Louis Borloo. Au final, le MoDem devrait, comme en 2008, adopter la stratégie du "cas par cas", c'est-à-dire nouer des alliances suivant les situations locales.
Du côté de la direction du MoDem, on regarde l'initiative du député européen avec prudence : "Cela correspond à son histoire, ni plus ni moins, confie un dirigeant du parti. Cela n'a pas forcément de signification politique en termes de poids."