Rama Yade rejoint le Parti Radical
C'était sans doute l'humiliation de trop pour Rama Yade. Débarquée du gouvernement lors de dernier remaniement, l'ex-secrétaire d'Etat aux Sports souhaitait mener, au sein de l'UMP, une mission sur la cohésion sociale. Une offre de service que Nicolas Sarkozy avait, selon elle, vu d'un bon œil mais que Jean-François Copé, à la tête du parti présidentiel, aurait refusée. Piquée au vif, l'ancienne benjamine du gouvernement a annoncé mardi au Parisien qu'elle rejoignait le Parti radical de Jean-Louis Borloo.
L'ancien ministre de l'Ecologie partage, dit-elle, «sa nature humaniste et progressiste». Mais il est surtout devenu, depuis son départ du gouvernement, un symbole de l'alternative à Nicolas Sarkozy. Déjà rejoint par Yves Jégo lors de son éviction du ministère de l'Outre-Mer en juin 2009, Jean-Louis Borloo pourrait attirer dans son giron plusieurs anciens ministres. Rama Yade, donc, Fadela Amara, Jean-Marie Bockel ou encore Valérie Létard… Tous étaient présents lors du "dîner républicain" du président du parti radical, la semaine dernière.
C'est d'ailleurs le lendemain de ce grand raout politique que le «deal» entre les deux anciens du gouvernement a été négocié. «Elle m'a appelé pour me dire qu'elle se retrouvait dans (l)es valeurs» du parti radical, a confié Jean-Louis Borloo. «Les Radicaux sont très heureux de l'accueillir, c'est une femme de très grande qualité», a-t-il ajouté.
Si Rama Yade précise qu'elle reste «sarkozyste» et qu'elle demeure adhérente de l'UMP, le parti radical étant affilié au parti majoritaire, son ralliement à cette «autre droite» est loin d'être anodine. Très populaire dans l'opinion, elle pourrait constituer un soutien de choix à Jean-Louis Borloo, si jamais il choisit de se présenter à la présidentielle. L'UMP se sépare donc d'un atout, alors que François Fillon expliquait encore mardi soir devant les députés de la majorité qu'à l'aube de 2012, «il faudra être à l'offensive sur toutes les lignes et former un bloc autour de Nicolas Sarkozy».
Reste que la solidarité politique n'a jamais été le fort de Rama Yade. Habituée des incartades et des déclarations incendiaires à l'encontre de sa propre majorité, elle a toujours eu du mal, lors de son expérience gouvernementale, à «rentrer dans le rang». Juste avant son éviction, elle s'était ainsi singularisée en prenant le contre-pied du discours de Dakar de 2007 dans lequel Nicolas Sarkozy avait invité l'Afrique à «entrer davantage dans l'histoire». Un nouvel épisode qui venait s'ajouter à une série déjà longue de bisbilles, depuis ses déclarations sur la venue du général Kadhafi en France jusqu'à son refus de conduire la liste de la majorité en Ile-de-France pour les européennes de 2009. «Un mandat européen ne me permet pas de donner ce que j'ai dans le ventre», disait-elle à l'époque.
Son objectif, aujourd'hui, est de se construire un fief local à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, où elle est conseillère municipale d'opposition et où elle a été élue conseillère régionale d'Ile-de-France. Peu avant le remaniement, Rama Yade a été élue à la tête du groupe UMP au conseil municipal de la ville. Elle dispose en outre d'un microparti, baptisé «Agir pour Colombes», qui lui permet de promouvoir son action et de récolter des fonds pour préparer de futures échéances électorales. En ligne de mire : la législative de 2012 et les municipales de 2014. Sous quelles couleurs ?
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