Règle des 3%
BFM TV : Le gouvernement a-t-il renoncé à respecter la règle des 3 pour cent de déficit cette année ?
François Bayrou : Oui. Il y a des années que j'attire l'attention sur ce qu'il se passe et des mois que
je dis que les 3 pour cent sont pour le gouvernement un affichage qui ne sera pas atteint. Le gouvernement va devoir passer un cran au dessus, dans sa politique économique. Il a notamment annoncé
des économies. Pour l'instant, nous ne les voyons pas. Mais la question des économies ne peut être que secondaire, face à la question de notre production. Je parle de toute notre production -
agricole, numérique, automobile, culturelle - qui doit être la priorité de la Nation. Les règles, les contrôles, tout cela ne permet pas au pays de produire.
Est-ce que le gouvernement doit changer de
politique, comme le demande le président de l'UMP, Jean-François Copé ?
Jean-François Copé, c'est drôle... Ce parti a été au pouvoir pendant dix
ans. Que n'a-t-il fait ce qu'il demande aujourd'hui ? Évidemment, ce n'est pas sérieux. Il faut une prise de conscience. Ce matin, j'ai entendu des responsables socialistes attaquer les
conclusions de la Cour des comptes. C'est ridicule. C'est comme si nous disions au thermomètre qu'il ne va pas nous dicter la température.
Peut-on faire vraiment des économies en
période de crise ?
Ce ne sont pas les économies qui nous empêchent de travailler et qui
empêchent nos entreprises de fonctionner. C'est une pensée fausse, que celle qui voudrait laisser croire que c'est en dépensant encore plus d'argent que nous n'avons pas, que nous allons régler
la situation. Nous avons besoin de soutenir les gens qui créent des entreprises, qui font progresser la recherche, tout comme les artistes. La création française, c'est là notre force. Nous
devrions nous réjouir que des gens réussissent, car ce sont eux qui créent des emplois. Deuxièmement, nous avons trop de contraintes : des règles, des normes, des lois... Le code du travail pèse
1,9kg et fait 2.750 pages, écrites en tout petit. Ce n'est fait que pour les très grandes entreprises, avec des myriades d'avocats. Tout ça, c'est un poids supplémentaire pour le
pays.
François Hollande peut-il mener à bien le
redressement de la France ?
Il fait des choses bien. L'intervention au Mali a été bien menée et sans
trop de mise en scène. Le travail du gouvernement sur les accords sociaux va dans le bon sens. Mais en matière économique, pour l'instant, les choix ont été annoncé mais n'ont pas été faits. Or,
si vous annoncez mais que vous ne faites pas, vous créez de la frustration. Le principal problème est que François Hollande n'a pas la majorité pour mener cette politique de redressement, elle
n'a pas été élue sur ce programme. Il y aura donc des turbulences très grandes dans la majorité sur ce sujet.