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Le Blog du MoDem de Colombes

François Bayrou, invité des 4 Vérités sur France 2 - 210813

21 Août 2013, 18:03pm

Publié par MoDem Colombes

François Bayrou, invité des 4 Vérités sur France 2 - 210813

François Bayrou a déploré mercredi l'insuffisance des mesures annoncées pour endiguer la violence à Marseille. "C'est toujours les mêmes mots, il manque une réflexion de fond", a-t-il estimé dans l'émission Les 4 Vérités, sur France 2.

Gilles Bornstein - Dix-septième règlement de compte hier à Marseille, six ministres sur place pour annoncer vingt-quatre enquêteurs supplémentaires et une compagnie de CRS en plus. Est-ce la bonne réponse de la part de l'État ?

François Bayrou - Ce n'est pas à la hauteur de ce qui se passe et ce n'est pas à l'échelle de la réalité des problèmes de Marseille. Il y avait sur une radio ce matin, une émission qui reprenait toutes les déclarations de tous les ministres de l'Intérieur successifs, depuis des années, de droite et de gauche. Déclarations de Claude Guéant, déclarations de Nicolas Sarkozy, déclarations des ministres actuels : on voyait bien que c'était toujours les mêmes mots. Le résultat qui est obtenu, évidemment, est dramatique pour Marseille. S'il n'y a pas une réflexion de fond, partagée entre Marseille, la Région et l'État, sur les racines de la criminalité à Marseille, qui remontent à très loin, qui est une criminalité qui remonte peut-être à un demi-siècle...

C'est ce que dit Manuel Valls en gros...

Qu'il le fasse ! Il ne suffit pas de dire : "Il faut faire". Ensuite, il y a dans ce déplacement d'hier deux choses très frappantes. L'une qui était ridicule : le premier ministre et cinq ministres, en caravane, pour aller saluer les collègues de l'infirmier qui a été attaqué, cela donne le sentiment d'une mise en scène perpétuelle et ne correspond pas à ce que les Français attendent d'un État fort, stable, qui agit plutôt qu'il ne parle et qu'il ne se montre. La deuxième chose qu'on retiendra, c'est que nous sommes devant une guerre, nous avons devant nous le spectacle d'une guerre interne au gouvernement, entre Manuel Valls d'un côté et une autre tendance, Jean-Marc Ayrault qui se sent attaqué dans son autorité et derrière tout cela François Hollande. Cela montre que la question profonde est celle de l'inspiration du gouvernement, de la ligne qu'il suit.

"MANUEL VALLS DOIT FAIRE, PLUTÔT QUE DIRE"

Vous avez, comme Manuel Valls, un problème avec le regroupement familial ?

La question de l 'immigration et de l'intégration n'est pas traitée en France, ou elle n'est traitée que de manière idéologique. Cela demanderait une réflexion de la nation dans son ensemble, pour que cette question soit réfléchie différemment qu'elle ne l'est et traitée différemment qu'elle ne l'est. Les déclarations spectaculaires, de ce point de vue, font toujours reculer la question. Vous voyez bien qu'il y a dans la société française, quelles que soient les sensibilités, une interrogation sur notre modèle d'immigration et d'intégration : il ne correspond pas à ce que nous voudrions comme équilibre et comme avenir. Une réflexion profonde doit être reprise.

C'est ce qu'a dit Manuel Valls manifestement au séminaire. Vous êtes donc d'accord avec lui : il faut réfléchir aux politiques d'immigration ?

Je pense qu'il faut le faire et non pas le dire. Ce qui me frappe toujours devant les attitudes ministérielles, gouvernementales, politiques, c'est la distance qu'il y a entre les mots - qui souvent correspondent aux attentes, parce qu'il y a des sondages derrière tout cela - et la réalité des actes. Le monde de communication dans lequel s'inscrit l'action gouvernementale décrédibilise en grande partie cela.

Dernière question sur Manuel Valls. Vous avez souvent dit, dans votre volonté de travailler avec les meilleurs de chaque camps, que vous pourriez gouverner avec lui. Avez-vous le sentiment qu'il est en train d'échouer sur la sécurité ?

Je ne dirais pas cela, car c'est une politique très difficile à mener. La politique que Manuel Valls mène, de mon point de vue, c'est à peu près la même que celle que Nicolas Sarkozy menait. Il y a une espèce de mimétisme entre Manuel Valls et Nicolas Sarkozy. Cette politique, pour l'instant...

"TROUVONS UNE ALTERNATIVE FERME À LA PRISON"

Ce qui est beaucoup dit à la gauche de la gauche.

Je dis ce que je pense. Si les autres pensent la même chose que moi, tant mieux ! Je pense qu'il a ce mimétisme là, qu'il n'y a pas de changement sur la politique conduite. Nous aurions besoin d'une novation. Manuel Valls dit qu'il faut de l'ordre et de la sécurité, il tape du poing sur la table et il a raison. Mais lorsqu'il dit qu'il faut garder le même système pénitentiaire en l'étendant, là je suis en désaccord. Je pense que la prison est, pour un très grand nombre de délinquants, un pourrissoir, un endroit de contamination par les pratiques les plus terribles et insupportables qui soient. Il faut trouver, et pour l'instant on ne l'a pas fait, une peine alternative qui soit dissuasive et obligatoire. Les travaux d'intérêt général, on peut les refuser dans un grand nombre de cas, ou ils ne sont pas accomplis.

Donc vous êtes plus proche de Christiane Taubira, sur cette ligne là ?

Je n'ai pas a être proche d'untel ou untel. Comme c'est la troisième fois que vous le dites, mettons les choses au point ! J'essaie d'avoir une ligne politique qui présente une alternative à ce qui est manqué depuis des années. J'essaie de proposer une autre vision. Si les uns ou les autres sont en accord avec moi, je m'en réjouirais.

"IL Y A UN CLIVAGE POLITIQUE SUR LA FRANCE DE 2025"

La semaine a commencé avec le séminaire du gouvernement sur 2025. Vous qui avez souvent dénoncé la cécité des gouvernements successifs, que le gouvernement s'occupe du long terme doit vous réjouir ?

Ce serait bien si en même temps il s'occupait bien du court terme. Quelque chose d'autre m'a heurté dans cette rencontre, c'est la phrase qui a présidé aux réflexions du gouvernement, celle du commissaire à la stratégie...

Jean Pisani-Ferry.

...qui a dit : "La France en 2025 sera plus petite, plus vieille et moins riche." Cette phrase, que toute la classe politique a laissé passer sans rien dire, est absolument en contradiction avec ce que nous devons faire, nous, peuple Français. Je pense que nous devons nous fixer comme objectifs, au contraire de ce qui a été annoncé, une France rajeunie - donc une politique familiale -, une France qui soit plus forte et respectée dans son expression, une France qui soit plus riche. De ce point de vue là, il me semble qu'il y a un clivage politique.

AUTO-ENTREPRENEURS : "SOUTENONS CE STATUT AU LIEU DE LE DÉTRUIRE"

C'est-à-dire ?

Il y a un certain nombre de gens qui s’accommodent de l'affaiblissement du pays. On accepte le déclin ou un relatif effacement. Je pense qu'il faut faire le contraire. Peut-on dire un mot, avant de se séparer, des auto-entrepreneurs ?

En quinze secondes...

Il paraît aujourd'hui qu'on va proposer une réforme, en Conseil des ministres, du statut des auto-entrepreneurs. L'auto-entreprise, c'est une des choses les plus justes et les plus intelligentes qui aient été faites par le gouvernement précédent. Je l'ai soutenu à l'époque. Au lieu de se demander ce qu'il faudrait faire pour supprimer des avantages aux auto-entrepreneurs par rapport aux artisans, essayons de réfléchir aux avantages qu'on pourrait donner aux artisans pour les mettre au même niveau que les auto-entrepreneurs. 850.000 créations d'activités indépendantes, c'est un résultat positif et il est nécessaire qu'on le soutienne au lieu de le détruire.

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