Bayrou au Panthéon
Une plaque portant le nom du poète martiniquais Aimé Césaire sera dévoilée aujourd'hui au Panthéon au cours d'un hommage de la Nation.
La dépouille de l'ancien député reste chez lui en Martinique, mais il aura quand même sa place au Panthéon, parmi les plus grands hommes de la Nation, aux côtés de Voltaire, Pierre et Marie Curie, Victor Hugo, Emile Zola.
Un avion de la République française a été affrété pour transporter la famille d'Aimé Césaire mais aussi des élus antillais. Des collégiens et des lycéens seront aussi du voyage. Certains liront des textes du poète au cours de la cérémonie.
Les deux anciens présidents de la République, Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing, ont également été conviés à la cérémonie, qui sera retransmise en direct à la télévision. Des "hautes personnalités" sont par ailleurs invitées. Parmi elles : Ségolène Royal et François Bayrou.
A l'annonce de la disparition d'Aimé Césaire jeudi 17 avril 2008, François Bayrou avait tenu à exprimer son émotion :
"Au moment où Aimé Césaire disparaît, je pense aux visages différents d'une vie si pleine et si riche.
Je pense au jeune garçon qui arrive, au début des années 30, en hypokhâgne au Lycée Louis le Grand. Le destin fait qu'il se trouve alors dans la même classe que
Léopold Sedar Senghor. Et ces deux destins croisés, ces deux hommes qui commencent, vont changer la vie de beaucoup d'Africains, de beaucoup d'Antillais, et de tant d'autres, à la peau noire, qui
trouvent alors orgueil et fierté, permettant que se redressent des générations jusque là trop souvent courbées.
Je pense au jeune professeur, revenu avec sa femme sur sa terre des Antilles. Je pense aux générations qui furent marquées par son enseignement, et à ceux qui
eurent la chance de recevoir de ses mains le flambeau de la pensée et de la langue, en particulier à Edouard Glissant.
Je pense au poète, à celui dont la langue précise et volcanique animait à la fois le pamphlet politique et la poésie.
Je pense à l'élu, à l'homme politique, maire de Fort de France pendant plus de cinquante ans, député pendant des décennies, qui fut à la fois à l'Assemblée
nationale et sur sa terre de Martinique, une vigie pour des générations. Je pense au militant qui forgea une pensée politique pour les siens, rejetant le colonialisme et capable en même temps de
dire non au stalinisme.
Je pense au sage que l'on visitait, à la longue rencontre qu'il m'accorda en 2006, au veilleur dont les yeux devenus fragiles voyaient si souvent au-delà de
l'horizon. Cet homme-là, cet homme aux visages multiples, mérite la reconnaissance des hommes debout."