Candidature à la présidence de François BAYROU - Profession de foi
Chers amis,
À la veille de notre congrès du Mouvement Démocrate, au moment où je vous demande votre confiance et votre soutien, je tiens à vous dire quel cap je vous proposerai de suivre dans les trois ans
qui viennent.
Depuis trois ans, nous avons dit la vérité aux
Français. Toutes les analyses, tous les avertissements qui ont été les nôtres depuis trois ans, sur la dette, sur les finances publiques, sur l'éducation, sur la crise
internationale, sur l'insuffisance d'Europe, sur les travers du pouvoir actuel se sont avérés. C'était un chemin difficile, mais nous avons bien fait de le suivre. Il ne s'agit pas seulement
d'avoir raison. Il s'agit de créer la confiance. Or la confiance, qui est le secret de l'avenir, ne se bâtit pas sur du sable. Elle se construit sur la vérité.
Le besoin d'une proposition politique nouvelle est aujourd'hui
impérieux. Nous n'avons plus besoin d'établir un réquisitoire contre le pouvoir actuel. Les Français ont le bilan sous les yeux, dans leur vie de tous les jours, et ils savent
maintenant ce qu'il en est. De son côté le Parti Socialiste est plongé dans des divisions sans fin, affrontements de candidats autant que de lignes politiques. L'UMP a tout le pouvoir national,
le PS presque tous les pouvoirs locaux : ni l'un ni l'autre ne convainquent les Français. Il y a besoin d'un immense renouvellement de la manière d'être, de parler, d'agir : nous serons
les porteurs de ce renouvellement.
Nous construirons et nous donnerons un vrai espoir. Nous ne
proposerons pas de miracles, nous ne prétendrons pas détenir une baguette magique. Mais je défendrai sans cesse cette conviction : les décisions à prendre pour que la France retrouve son
équilibre, ses valeurs et sa place en Europe et dans le monde sont à portée de notre main et de notre volonté. Vie civique, économie, école et université, recherche, Europe, écologie équilibrée,
exigent des choix simples et souvent de bon sens, à condition que ces choix soient cohérents entre eux. Ce sont ces choix que nous défendrons.
Nous rendrons à notre pays les valeurs éthiques, républicaines, sans
lesquelles il se perd. Nous connaissons les difficultés du monde, mais aucune difficulté ne devrait empêcher les pouvoirs d'être honnêtes, équilibrés, respectueux de la diversité
des opinions, du pluralisme et de la liberté d'information. Aucune crise ne devrait détourner de l'exigence de justice sociale, de l'égalité des citoyens devant la loi. Pas davantage de
l'exigence de développement durable qui oblige à transmettre aux générations qui viennent un monde vivable, soutenable : le moins de dettes possible, et un environnement respecté. Ces
valeurs doivent être plus respectées encore en temps de crise. Quand les temps sont plus durs, la justice est une exigence.
Nous définirons clairement les priorités pour la France. Pour
ma part, j'en désignerai deux : l'emploi et l'éducation. Tout est là. Il n'y a pas d'emploi sans production. Il nous faut produire, des biens et des services, des richesses nouvelles, par
l'innovation, par l'observation de ceux qui réussissent, par la défense de la loyauté des échanges, par une politique monétaire sérieuse. Il nous faut interrompre et inverser le mouvement de
délocalisation. Et il nous faut un plan pour que la France devienne, ou redevienne, le pays du monde où l'éducation est la meilleure, éducation des élèves, des étudiants, des apprentis, des
jeunes et des adultes (formation continue).
Nous renouvellerons le projet européen. Seule, la France
serait faible et sa voix sans portée. Le monde attend une Europe unie, forte, qui défende en même temps ses valeurs, ses intérêts, et une vision de l'ordre international. Aujourd'hui, l'Europe
n'est pas vraiment au rendez-vous. Pourtant des efforts nombreux ont été et sont faits pour lui donner des institutions, un parlement digne de ce nom, une monnaie. Mais tout cela est trop
compliqué, souvent illisible, trop souvent ignoré. C'est la responsabilité des leaders politiques de donner corps et vie à une nouvelle ambition européenne.
Nous serons des réformistes. Les réformes doivent être peu
nombreuses, cohérentes entre elles, préparées et concertées avec le temps et le soin nécessaires. Un pays qui ne se réforme pas est un pays qui meurt.
Nous défendrons les plus jeunes et nous leur ferons
confiance. Depuis des années on a l'impression que les jeunes paient le prix de la légèreté et de l'insouciance des générations au pouvoir au XX° siècle. Rétablir les chances des
jeunes, la première chance, la deuxième chance s'il le faut, le coup de pouce pour entrer dans la vie active, des études intéressantes et enrichissantes, l'apprentissage des langues et d'abord de
la langue française, la défense et la promotion de l'environnement dans lequel ils auront à vivre, de la nature, de la terre, de l'air et de l'eau, des finances équilibrées, c'est tout cela que
nous devons aux plus jeunes.
Nous serons des femmes et des hommes libres, et des
rassembleurs. Une fois pour toutes, nous avons récusé la soumission. Notre courant démocrate, nous le défendrons comme un courant de premier plan. Ses racines sont au centre, bien
sûr, mais sa vocation est de rassembler bien au-delà des « centristes » d'hier. C'est toute une vision politique qu'il faut penser, formuler et nourrir. C'est une philosophie de
l'engagement qu'il faut faire connaître. Forts de nos idées et sûrs de nos convictions, nous serons ouverts. Nous savons qu'il y a des humanistes, en recherche, qui viennent de courants
différents, écologistes, socio-démocrates, républicains. À eux tous, nous dirons bienvenue. Mais nous ne laisserons plus jamais mettre en cause notre indépendance. Nous pouvons bien sûr nous
allier avec d'autres chaque fois que la situation de la France l'exigera, mais nous faisons et nous ferons la différence entre alliance et dépendance.
Nous serons une équipe solidaire. Nous savons ce que sont les
difficultés et les orages. Nous avons formé une équipe, et même un commando, de femmes et d'hommes de valeur, qui s'entendent, qui se battent ensemble et jamais les uns contre les autres. Nous
maintiendrons cette solidarité, cet esprit d'équipe national et local. Partout sur le terrain, nous construirons et s'il le faut nous reconstruirons. Ce faisant, nous avons conscience d'être une
chance pour des talents nouveaux.
Je veux vous dire enfin ma gratitude pour votre soutien sans faille et votre confiance, qui me touche tous les jours et qui m'encourage.
François
BAYROU