Dans l'indifférence presque générale, quelque 50.000 grands électeurs (48.453 "délégués" des conseils municipaux, 178 députés, 765 conseillers régionaux et 1.504 conseillers généraux
vont devoir choisir entre 754 candidats dont 272 femmes) sont appelés aux urnes demain pour renouveler un tiers du Sénat.
Ce scrutin concerne les départements métropolitains de l'Ain à l'Indre et le Territoire de Belfort, ainsi que la Guyane, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna, Saint-Barthélemy,
Saint-Martin et quatre représentants des Français établis hors de France.
L'élection du futur président du Sénat, par l'ensemble des sénateurs, aura lieu le 1er octobre.
Avec un mode de scrutin qui surreprésente les petites communes rurales, ces sénatoriales devraient être marquées par une progression de la gauche, mais la droite est assurée de garder la
majorité.
Mais une autre bataille se joue au sein de l'assemblée : la bataille des Centres.
Car contrairement à leurs collègues députés, plusieurs sénateurs centristes n'ont toujours pas tranché entre le MoDem et le Nouveau Centre. Et certains souhaitent même maintenir l'existence de
l'UDF...
Explications.
L'élection présidentielle de 2007 a abouti à l'explosion des centres. La déflagration remonte à l'entre deux tours de la présidentielle, quand François Bayrou a refusé à appeler à voter Nicolas
Sarkozy. Alors que l'UDF a participé à toutes les majorités de droite depuis sa création, François Bayrou amorçait un changement d'alliance du parti centriste, désormais ouvert au dialogue avec
la gauche. La plupart des cadres de l'UDF n'ont pas suivi François Bayrou dans sa stratégie autonomiste, considérant que leurs électeurs étaient avant tout des électeurs de droite. Entre le
deuxième tour de l'élection présidentielle et les législatives de juin, François Bayrou a acté sa rupture politique en créant le Mouvement Démocrate (MoDem). La plupart des députés centristes ne
l'ont pas suivi afin de recevoir le soutien de l'UMP. Dans la précipitation, ils se sont organisés autour d'Hervé Morin, ancien bras droit de Bayrou rallié à Nicolas Sarkozy, en créant le Nouveau
Centre. L'UDF de Bayrou s'est donc scindé en deux : au MoDem, la légitimité du suffrage universel de celui qui est arrivé troisième de l’élection présidentielle, au Nouveau Centre, la légitimité
des élus centristes de l'ex-UDF. Mais au Sénat, le groupe "Union Centriste - UDF" est resté intact.
Dans un premier temps, les sénateurs centristes, qui ont toujours participé aux majorités de droite, ont refusé de trancher en ne rejoignant ni le Nouveau Centre, ni le MoDem. Le groupe "Union
Centriste - UDF" s’est maintenu.
Mais après la dissolution de l'UDF au sein du MoDem, les 33 sénateurs centristes ont dû choisir : 26 d'entre eux se sont affiliés financièrement au MoDem qui a reçu ainsi un financement public
grâce à eux. Les autres ont rejoint l'UMP ou le Nouveau Centre. Malgré ces ralliements, les sénateurs centristes ont maintenu leur groupe "Union Centriste - UDF". Mais après l'échec du MoDem aux
municipales de 2008 et la prise de conscience collective que la stratégie d'isolement de François Bayrou condamnait le MoDem politiquement, une partie des sénateurs centristes ont tenté de faire
revivre l'UDF, arguant du fait que la structure juridique existait toujours. La fronde, menée par Jean Arthuis, a abouti à la tenue du comité directeur de l'UDF en avril 2008. Mais la manœuvre a
échoué et François Bayrou a conservé la propriété du sigle UDF.
Depuis, Jean Arthuis a créé une association intitulée « Union centriste-UDF Mayenne » qui a vocation à devenir un organisme politique national à destination des centristes qui ne se reconnaissent
ni dans le MoDem, ni dans le Nouveau Centre. La fuite des sénateurs du MoDem s’est donc poursuit après les municipales. Aujourd’hui, il n'en reste plus que 10, affiliés financièrement au parti de
François Bayrou.
La situation au Sénat reste donc confuse. Il n'existe qu'un seul groupe centriste, présidé par Michel Mercier, et dont le nom est "Union Centriste - UDF". Pour l'instant, ni le Nouveau Centre, ni
le MoDem n'ont suffisamment de sénateurs pour pouvoir créer leur propre groupe autonome. Mais ils espèrent pouvoir le faire à l'issue des prochaines sénatoriales. Il faut pour cela que chaque
parti réussisse à faire élire au moins 15 sénateurs. Le pari du Nouveau Centre, grâce à sa stratégie d'alliance avec l'UMP, est possible. En revanche, en raison de son isolement politique, les
probabilités pour le MoDem de constituer un groupe autonome au Sénat sont quasi nulles.
A l'issue du scrutin, une clarification devra s'imposer pour les sénateurs centristes : choisir entre le MoDem et le Nouveau Centre, ou décider de poursuivre la fragmentation des centres en
relançant un canal historique des ex-UDF avec le risque d'affaiblir un peu plus une tendance politique visiblement en pleine crise identitaire.
Les sénateurs peuvent s'organiser en groupes (par affinités politiques), constitués après chaque renouvellement. Un groupe doit compter au Sénat au moins 15 membres, pour un effectif actuel de
331 sénateurs (l'Assemblée nationale en exige 20 pour un effectif de 577 députés).
Actuellement, le groupe UMP (159 membres) est issu de la fusion, en 2002, des sénateurs RPR, des républicains et indépendants (RI) et d'une partie des centristes.
Le groupe socialiste (95 membres) réunit les sénateurs du PS et des Verts (5 élus) .
Le groupe Union Centriste-UDF (30 membres) a survécu, pour l'heure, à la disparition de l'ex-UDF. Présidé par Michel Mercier, il rassemble à la fois des partisans de François Bayrou (MoDem), des
élus appartenant au Nouveau Centre d'Hervé Morin et des centristes "orphelins de l'UDF".
Le groupe communiste, républicain et citoyen (CRC, 21 membres) réunit les élus du PCF et du Mouvement républicain et citoyen (MRC).
Le Rassemblement démocratique et social européen (RDSE, 17 membres) est issu de la vieille famille des républicains modérés. Il réunit des radicaux valoisiens de droite (6), des radicaux de
gauche (7) et des élus du centre.
Le mandat des sénateurs (343 sièges au total après le renouvellement de septembre) a été ramené par une réforme de 2003 à six ans, contre neuf auparavant. Ils sont à titre transitoire toujours
renouvelés par tiers tous les trois ans, puis le seront par moitié tous les trois ans à compter de 2011.
Les sénateurs des Hauts-de-Seine
Robert Badinter (PS)
Denis Badré (UDF)
Isabelle Debré (UMP)
Jean-Pierre Fourcade (UMP)
Roger Karoutchi (UMP) (2004-2007); remplacé par Jacques Gautier en juin 2007
Roland Muzeau (PC) (2004 - 2007) ; remplacé par Brigitte Gonthier-Maurin en juin 2007
Charles Pasqua (apparenté UMP)
ont été élus pour 6 ans en 2004 (renouvellement en Septembre 2011)
Extraits Presse et Politique.net