L'Ecologie, par discours interposé, nouvelle dictature de la Pensée unique, finit par rappeler ce
terrorrisme intellectuel qui, pendant plus de soixante-dix ans, c’est à dire jusqu’à la chute du mur de Berlin, encadrait la réflexion des intellectuels. Il n’est pas bon aujourd’hui pour une
personne physique ou une personne morale de ne pas proclamer qu’elle adhère sans réserve aux valeurs qu’à longueur de journée médias et décideurs plus ou moins compétents nous serinent. Les
expressions comme « préserver l’environnement » et « développement durable » ressassés longueur de journée ont fini par me devenir insupportables. Et si j’étais le seul à
penser ainsi, je n’aurais pas écrit ce billet.
Je ne suis pas un anti-écologiste primaire. Depuis qu’on m’en a donné les moyens je trie mes déchets, je n’appuie pas à fond sur
l’accélérateur de ma voiture et utilise comme papier brouillon le verso de feuilles déjà imprimées. Enfin, je n’ai pas l’impression de gaspiller : mon téléphone mobile a six ans passés, il
se porte bien, merci pour lui. Je ne suis pas non plus un « décroissant », chez qui il y a quelques bonnes idées à prendre, mais dont le projet de société nous promet un âge de glace.
Je me sens donc libre de m’exprimer de manière critique, voire politiquement incorrecte, sur la manière dont je reçois le discours écologique à partir d’exemples simples.
Je réside une partie de la semaine dans un village situé dans une zone rurale au nord-est de la Seine et Marne. Il compte 2000
habitants qui occupent environ 700 maisons. Chaque lundi matin, en dehors des périodes de congés, la boîte aux lettres se remplit d’au moins 200g. (masse pesée) de tracts publicitaires (super
et hypermarchés, surfaces commerciales de jardinage, mobilier, vêtements...) et de journaux d’annonces qui terminent invariablement leur courte existence au fond de la poubelle bleue. Faisons
le compte : 0,2 Kg x 700 maisons x 40 semaines = 5600 Kg de papier inutile qu’il faudra ensuite transporter, trier, désencrer et recycler. Etendons ce chiffre aux trente et quelques mille
communes de France...
Autre exemple : qui n’a acheté un appareil électrique, ménager ou média, accompagné d’une notice en dix langues épaisse comme un
volume de Proust, l’intéret en moins. Evidemment, ça coûte mois cher à stocker et facilite les circuits de distribution, mais sans avoir la pratique du finnois, du tchèque ou du magyar, on ne
peut que constater qu’une vingtaine de pages par langue sont sans utilité pour les usagers de ce pays. De cela, nos moralisateurs écolos ne parlent guère, se contentant seulement de nous
demander de préférer des produits de moindre consommation énergétique.
Et maintenant, on parle de la taxe carbone. Ah, la belle invention ! Ah, l’idée de génie bien française ! Comme si le rejet
de gaz carbonique était de la faute de l’utilisateur. Il est bien obligé de rouler avec les carburants qu’on lui donne (pardon ce verbe est inapproprié !). La voiture électrique, c’est
bien de faire de la recherche. Mais clamer que bientôt elle sera la solution aux problèmes de pollution ! On nous promet 200 km d’autonomie et une recharge en 8 heures. Je serais,
toutefois, bien inquiet de me risquer sur sur la Francilienne un dimanche soir quand deux heures de bouchons sont monnaie courante, en regardant mon indicateur de charge de batterie s’acheminer
vers le rouge. Il faudra penser à prévoir des bornes de recharge, y compris sur la file de gauche. Il y a encore beaucoup de travail, mais à en croire les médias, il est presque urgent de
commander son véhicule. La taxe carbone, donc, véritable amende qui punit les coupables qui ont l’applomb d’utiliser un produit déjà très fortement taxé. Tiens, une autre bonne idée pour
l’Etat : taxer aussi les particules des moteurs Diesel, c’est peut-être plus dangereux que le CO2, mais sans doute les lobbies du Diesel puissants dans ce pays veillent au grain. De celà,
encore le discours officiel écolo est un peu trop silencieux. Je suis déçu de la réaction de Corinne Lepage sur la question de cette taxe (d’ailleurs, c’est hors sujet, mais je ne puis
m’empêcher de le dire, qu’elle me donne bien d’autres raisons d’être déçu, ne serait-ce par ses ambitions personnelles au sein du mouvement ; les ambitions personnelles ont déjà coûté cher
au MoDem, il y a peu...)
Enfin comme beaucoup de gens je me suis réjoui de voir tourner les grandes hélices blanches au-dessus de nos vertes campagnes. Et je me
réjouis encore des KWH ainsi produits hors pollution. Mais constatant le taux de multiplication des champs éoliens, je me dis qu’il doit y avoir quelque chose de particulièrement juteux
la-dessous pour les constructeurs de ces machines, les exploitants et les propriétaires fonciers qui leur louent leurs terrains.
Tout cela pour dire que :
1°) Le discours écologique ressassé par les médias qui relaient les groupes de pression, les hommes politiques de tous bords, ont
une tendance à culpabiliser le citoyen lambda plutôt que ceux qui sont à la source de la pollution. C‘est bien de disposer de poubelles bleues ; ce serait encore mieux de n’avoir pas à les
remplir aussi souvent avec des pubs et des conditionnements démesurés.
2°) Les citoyens sont pris dans ces discours pour des demeurés. Qu’on cesse de nous dire à la télé, par « ménagère ou ménager de
moins de cinquante ans » interposé, qu’en jetant une cannette dans la poubelle adequate ou en achetant la lessive « machin » on a conscience de faire un « geste pour
l’environnement ». Le citoyen se débarrasse simplement de sa cannette ( tant mieux s’il a appris à la mettre dans la bonne poubelle) et le marchand de lessive n’use que d’un argument
publicitaire, le plus souvent invérifiable pour le consommateur, pour vendre le maximum de produit avec le meilleur profit. La conscience n’intervient pas là-dedans.
Les émissions de Yann Arthus-Bertrand sont de bonne qualité. A-t-il besoin de préciser à la fin le montant de la compensation carbone
versé ? Qu’il verse ce qu’il estime juste à la rigueur, mais le dire est infantile.
3°) l’écologie est devenue un business, un très gros business. Il faut l’accepter. Tant mieux pour l’économie (et l’environnement –
prononçons-le quand même ce mot à la mode ! ) à condition qu’on n’en profite pas pour créer de nouveaux besoins inutiles.
4°) Et les politiques dans tout ça ? Ah ! ce ne sont pas les plus brillants de l’affaire. Souvenons-nous d’élections pas si
lointaines où les candidats devaient aller présenter leur programmme à Nicolas Hulot. Ils y sont tous allés (ou presque) à ce Canossa préventif, devant ce pape de l’écologie consacré par
les médias, pèche aux voix oblige. J’ai regretté à l’époque que François Bayrou se soit prêté à cette pantalonnade. Comme si Monsieur Hulot comptait à ce point. en dehors de TF1 ! Et
d’ailleurs depuis, consulte-t’on encore M. Hulot ?
Et le MoDem que peut-il à cela ? Rien, sans doute. Il a de vraies compétences écologiques, d’ailleurs non reconnues lors des
Européennes et toujours pas reconnues chez les Verts de France dont la responsable, contrairement à son mentor Daniel Cohn-Bendit, disait encore tout récemment (21-08-09) « nous ne
connaissons pas le programme écologique du MoDem mais nous connaissons celui du PS ».C’est un comble ! Mais je souhaite que le Mouvement à l’occasion de ses discours sur le sujet, ne
cède pas à la mièvrerie, aux enthousiasmes naïfs, aux promesses démagogiques à but électoral qui sont le lot commun de tous la partis politiques à ce jour
Je ne nie pas l’importance qu’a eue le discours écologique dans la prise de conscience individuelle et collective de ces problèmes
graves. Mais maintenant, l’âge de raison est arrivé. En donnant au citoyen la vague impression qu’il est coupable de quelque chose, on se trompe
de cible. La morale est à faire en direction de ceux qui nous obligent à remplir les poubelles bleues, à faire des achats inutiles et non vers ceux qui en sont leurs victimes. On ne peut
continuer dans les médias à dénoncer quotidiennement le gaspillage ou la pollution de la planète (il y a parfois de bons films et de bons reportages sur le sujet à la télé) alors que le
prochain spot publicitaire fait la promotion d’un produit inutile et polluant. Mais, évidemment, ça va à l’encontre du système économique dans lequel nous vivons et c’est pourquoi le
discours écologique tel qu’il est aujourd’hui demeure un leurre, une hypocrysie, une
imposture.
Jacques BODÉCOT
Adhérent MoDem Colombes