Déménager synonyme de radier. De nombreux électeurs de Colombes — de
50 à 100 selon les sources — ont fait la triste expérience de cet « adage » dimanche dernier, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Se présentant dans l’un
des 44 bureaux que compte la commune, certains citoyens n’étaient pas inscrits sur les listes.
« Je n’avais pas de carte électorale, juste ma carte d’identité, mais j’ai
toujours voté dans le bureau no 10 (NDLR : école
Gustave-Bienvetu).Quand je me suis présentée, on m’a simplement
répondu : Vous êtes radiée, raconte, en colère, Chantal, à Colombes depuis vingt-trois ans. La raison à cet incident : les électeurs qui ont déménagé, même au sein de la commune,
n’ont pas signalé ce changement au service électoral de la mairie, entraînant leur radiation d’office.
« Comme dans toutes les villes, il y a eu des radiations dues à des déménagements, assure Philippe Sarre, le maire PS. Je comprends que cette situation soit gênante mais elle est causée par
une méconnaissance du droit, même si l’on déménage à 300 m, il faut le signaler aux services. »
Sauf que l’opposition municipale ne l’entend pas de cette oreille. « La mairie doit faire une investigation pour savoir si les personnes résident bien dans la commune, le travail n’a pas été
fait à fond, s’indigne Nicole Goueta, conseillère municipale UMP et ancienne maire. La seule justification est de dire nul n’est censé ignorer la loi, c’est un peu facile. Ce n’est quand même pas très compliqué de contacter le
service des impôts pour voir qui en paie et qui n’en paie pas. » Une technique jugée incomplète par le maire. « A Colombes, au bout de trois retours de courrier, que ce soit les cartes
électorales, les professions de foi des candidats, la commission doit prendre une décision, insiste Philippe Sarre. Nous envoyons également un courrier en recommandé pour prévenir les citoyens de
leur future radiation, tout est fait dans les règles. »
Si, à la préfecture, on ne dénombre pas plus de réclamations que dans les autres communes, pour la plus célèbre radiée de Colombes, Rama Yade, le phénomène a pris trop d’ampleur pour rester sans
suite. « Une quarantaine de personnes radiées au bureau Lazare-Carnot, une cinquantaine au bureau du tribunal d’instance (où Nicolas Sarkozy est arrivé en tête ou ex aequo avec le candidat PS
lors du premier tour), ça commence à faire beaucoup, s’insurge la candidate pour le Parti radical aux prochaines législatives dans la circonscription. On veut se débarrasser d’électeurs
gênants. » Un bras de fer enflammé qui laisse présager une campagne pour les élections législatives explosive.
« Je suis sympathisante UMP, mais qui dit que demain je ne changerai pas d’avis, scande Chantal. Ce n’est pas un problème de parti, mais voter est un droit et moi je souhaite en user. »
Pour Philippe Sarre, la participation massive des électeurs dimanche dernier a également été un facteur pour se rendre compte de sa radiation. « Ma fille a voté en 2007, en 2008, elle n’a
jamais reçu aucun courrier, elle n’a pas compris pourquoi elle ne pouvait pas voter », se désespère Paulo, ajoutant que sa fille avait déjà envoyé une lettre au tribunal d’instance pour tenter
de se faire réinscrire.
(c) Le Parisien