(2) Instruire (2c)
Je propose que l'on inverse le mouvement, que pour rendre sa dignité, sa attractivité, sa
force à l'école, on reconstruise, on réinvestisse chaque niveau scolaire dans sa mission. À l'école élémentaire, de la maternelle jusqu'à la fin de l'école élémentaire, les outils de l’écrit, la
lecture et l'écriture et, si possible, l'amour de la lecture et de l’écriture, puis le jeu avec les nombres, comme celui que nous avons vécu ensemble.
Deux questions principales, l'une est pédagogique. Il y a une question de repérage des
enseignements qui réussissent, je suis affirmatif en disant que je n'ai aucun doute que les 5 pour cent, les meilleurs et les plus expérimentés des enseignants français sont largement au niveau
des meilleurs pays dans le monde.
Aucun doute qu'il y a des réussites dans l'école française. Il faut les identifier et
transmettre ces expériences aux autres enseignants, transfert de pédagogie comme il y a transfert de technologie.
La deuxième question centrale : il faut une scolarité adaptée avec les moyens nécessaires aux
élèves qui se bloquent, souvent pour des raisons psychologiques, ou culturelles, familiales. Il faut, pour eux, une scolarité adaptée et les moyens nécessaires, c'est un investissement qui mérite
pour la nation.
Comme je n'oublie pas ce qui se passe dans les familles, peut-être vous pourrez jeter un coup
d'œil aux pages que j'ai écrites sur ce sujet dans mon livre, je vous demande de réfléchir à ceci : je pense qu'il y a des milieux, des situations pour lesquelles il faut songer à une école des
parents.
J'étais très frappé alors que je visitais en banlieue parisienne "profonde" comme l'on dit une
école élémentaire et que je parlais avec les enseignants. C'était très intéressant. D'abord un grand nombre d'entre eux étaient découragés, ce qui était frappant et pourtant ils étaient jeunes,
ils étaient en équipe, ils étaient très solidaires entre deux, ils faisaient vraiment un très beau travail. Il y avait des tas de nationalités présentes dans l'école et, en parlant avec eux, on
en est venu à parler de la langue et des difficultés que présente le fait de ne pas être francophone à la maison. Ils m'ont dit quelque chose que j'ai trouvé absolument juste et sensible. Ils
m'ont dit : Vous savez, le principal, ce n'est pas tant qu'on ne parle pas français à la maison, c'est qu'il y a des maisons où on ne parle pas du tout.