La danse du centre
Nous vivons en politique, et peut-être pas seulement en politique, un grand moment de confusion. La confusion est
dangereuse. Face à cette confusion, une clarification s’ impose.
Les citoyens ont besoin de repères pour pouvoir faire clairement leur choix, prendre leur décision, et obtenir par leur vote ce qu’ ils attendent vraiment pour l’ avenir de leur
pays.
La « danse du centre »
La « danse du centre » à laquelle on assiste depuis quelques semaines aurait quelque chose d’assez drôle, si son but n’était pas d’égarer les électeurs pour les conduire précisément où ils ne
veulent pas aller.
La question est bien celle du but de cette manœuvre : tout montre qu’ il s’agit de capter les voix d’électeurs insatisfaits de la manière dont la France est gouvernée depuis des années,
d’électeurs qui veulent le changement, pour les ramener, au bout du compte, parmi les soutiens du pouvoir.
C’est parce qu’ il s’agit de détourner et de dévoyer les électeurs du centre qu’ il s’agit d’ une manœuvre et pas d’une vérité. Il faut dissiper la confusion et clarifier les
choses.
Une phrase révélatrice a été prononcée cette semaine par l’un des participants : « nous allons, a-t-il dit, construire la deuxième droite ».
Il convient de rappeler ceci : le centre, par définition, ce n’est pas une deuxième droite, pas plus que ce n’est une deuxième gauche.
Le centre, c’est précisément la volonté nécessaire et urgente de dépasser la droite et la gauche pour rassembler le pays autour d’un projet cohérent.
J’ai employé le mot cohérent. Il est très important. Ce qui frappe, quand on regarde l’état actuel de la droite et de la gauche, c’est l’extrême division qui règne en leur sein. Extrême division,
et je crois, définitive division.
L’UMP est sous la pression de l’extrême droite. Chaque jour, sous cette pression, elle se divise un peu plus. Entre ceux qui considèrent que pour plaire à l’opinion et gagner son soutien, il faut
utiliser les mêmes thèmes et les mêmes mots que le Front national, et qu’au fond ces thèmes et ces mots sont fondés, et ceux qui refusent cette stratégie de l’accommodement, la distance est de
plus en plus grande. Sur la question de l’immigration, sur le RSA, l’affolement fait prononcer des discours et défendre des thèses qui empêchent la définition d’ une politique cohérente. Il en va
de même à gauche. Sur ce qui se passe et se prépare en Grèce, il y a une attaque contre Strauss-Kahn, violente, orchestrée au sein même de la gauche, et même du PS. Entre Mélenchon et
Strauss-Kahn, il y a autant de fractures et d’ affrontements irréductibles qu’ entre ceux qui flirtent avec l’ extrême droite et par exemple Fillon.
Ce ne sont pas des camps solidaires, ce sont des champs de bataille.
Et la division de ces camps les rend incapables d’apporter une réponse courageuse et solide aux questions de l’heure.
François Bayrou
14/05/2011