Les urgences de Bayrou
Quelques jours avant la parution de 2012 état d'urgence, François Bayrou dévoile au JDD son cheminement et ses certitudes.
L’état d’urgence et le recours. Dans ces temps compliqués où les crises économiques se succèdent, François Bayrou s’imagine volontiers en de Gaulle du centre. Prêt à relever une France qu’il dépeint au bord du gouffre dans le livre qu’il s’apprête à sortir. Le président du MoDem ne se reconnaît qu’une faiblesse : avoir eu raison trop tôt. Il voit dans la crise actuelle de la dette la confirmation des alertes qu’il lançait en 2007 lorsqu’il prônait déjà une règle d’or. "Plus personne ne peut dire que mon diagnostic est faux. Ce que j’ai annoncé s’est réalisé", explique-t-il au JDD.
2012, état d’urgence : voilà justement le titre de son livre « mûri » pendant dix ans et écrit au mois de juillet. Pas un récit intime. Pas un livre programme non plus. Plutôt un essai dont la sortie est prévue jeudi aux éditions Plon et dans lequel il est beaucoup question de la dette. "Une rencontre incroyable entre l’actualité et le livre", s’enorgueillit- il. Cet ouvrage, pense-t-il, lui permettra d’imposer ses thèmes dans le débat présidentiel. Soit produire en France et retrouver la meilleure éducation du monde. Deux "questions de vie ou de mort", dramatise-t-il. "Deux sources du mal français" qu’il entend "désigner et combattre comme on le fait en temps de guerre".
Pourquoi maintenant? En plein mois d’août et à neuf mois de la présidentielle? "Pour éviter la rentrée trop politicienne de septembre", plaide son fidèle lieutenant Marielle de Sarnez. Parce que "depuis le printemps, je vois la campagne partir sur des leurres avec des promesses et des bonnes paroles", ajoute Bayrou, visant aussi bien la droite que la gauche.
Alors comme Cassandre, il avertit. "Nous sommes tout près de l’accident le plus grave qu’un pays peut rencontrer", prévient le Béarnais. Lui se défend de proposer "du sang et des larmes" à la manière d’un Churchill et voudrait au contraire rendre l’"espoir". Car "les mauvais jours finiront », confiet- il à son interlocuteur, comme il l’écrit d’ailleurs au début et à la fin de son livre. Et les mauvais jours finiront, espère-t-il, avec lui. Une « responsabilité que depuis longtemps j’ai choisi d’assumer au détriment des intérêts de court terme, des avantages et des privilèges".
Quitte à faire exploser l’ex-UDF. Ses anciens amis pointent son isolement. Lui reprochent de ne pas indiquer clairement avec qui il fera alliance. "À nouveau projet, nouvelle majorité", rétorque-t-il, persuadé que désormais les majorités naissent des projets et non l’inverse. Face aux deux urgences qu’il pointe dans son livre, le président du MoDem se dit convaincu que les majorités classiques sont incapables de répondre. Comme en 2007. "La droite ne peut pas répondre à la question de l’école car elle est en divorce avec elle. Et la gauche est en divorce avec l’entreprise. Et les deux majorités sont divisées sur la mondialisation", explique Bayrou, qui pourfend le protectionnisme.
Comme en 2007 encore, il se dit prêt à gouverner avec ceux qui, de droite comme de gauche, partagent son analyse. Mais depuis la dernière présidentielle, il a perdu la plupart de ses soutiens. Qu’importe! Même s’il reconnaît dans son livre avoir traversé des moments de solitude. "Sur le fond, la démarche de refus de complicité avec ce qui était en train de se produire est une démarche du même ordre que celle du général de Gaulle", après les législatives de 1951. "Avec toute la différence entre les géants et les hommes ordinaires", nuance-t-il comme pour éviter le procès en péché d’orgueil que d’aucuns ne manqueront pas de lui faire.
(c) jdd.fr
François Bayrou sera après-demain soir, Mercredi, l'invité du 20h de TF1 pour la sortie de son livre "2012 Etat d'Urgence"