Un immense gâchis
François Bayrou était l'invité ce lundi de la matinale de France Inter, animée par Patrick Cohen.
Il a estimé que la réforme des retraites "était mûre", mais que le gouvernement avait commis un "immense gâchis" dans sa gestion, précisant que "la situation est plus dangereuse qu'elle ne l'a
jamais été depuis des années. On est devant un risque de radicalisation qui est désormais généralisé".
"Le conflit de routiers, le blocage des raffineries, le ravitaillement des stations-service, les lycéens et la poursuite du mouvement sur les retraites créent une situation de risque dont il
faudrait sortir", a ajouté François Bayrou estimant que c'était "devenu extrêmement difficile".
"Lorsque la première brindille flambe, un verre d'eau suffit pour l'éteindre mais lorsque c'est la forêt toute entière ou de larges parts de la forêt qui prennent
feu alors les Canadair n'y arrivent pas facilement. On est vraiment dans un moment extrêmement lourd", a-t-il encore affirmé, estimant aussi que le gouvernement n'interrompera pas la discussion
du texte car il aurait trop "à perdre" à cela.
François Bayrou a rappelé qu'il existe "deux pistes" possibles pour sortir du conflit :
-"La première, c'est qu'on regarde attentivement ce qu'on est en train de voter du point du vue des dates", a-t-il affirmé en rappelant son opposition au passage à
67 ans de la retraite sans décote. "Cette mesure ne commencera à s'appliquer pour les plus jeunes qu'en 2016. Il serait sage que le gouvernement dise: cette mesure-là, nous allons fixer un
rendez-vous pour qu'elle soit réexaminée dans six ans, pour voir si elle est légitime ou pas".
-"La deuxième piste, c'est, pour la pénibilité, de créer un fonds, comme pour les accidents du travail, auquel contribueraient les entreprises qui offrent des
travaux pénibles", a-t-il ajouté.
Sur le projet des retraites du Parti socialiste, François Bayrou a rappelé que les pénalisations qu'il envisageait dans la réforme allaient toucher les plus faibles
ou ceux ayant eu un parcours professionnel irrégulier. Il a notamment estimé que le projet du PS allait pénaliser les étudiants. Il a aussi ajouté qu'"au PS, il y a aussi des réflexions sur la
réforme des retraites", et que "certains ne veulent plus son retrait". "Même Martine Aubry a adopté une position mesurée sur les retraites", a-t-il encore rappelé.
"Est-ce encore possible de réformer ?", s'est interrogé François Bayrou. "C'était une réforme qui était mûre. Je trouve que la réforme qui a été suivie est un
immense gâchis qui rend la situation dangereuse aujourd'hui", a-t-il conclu.
François Bayrou a aussi estimé que la réforme fiscale était "plus facile à faire qu'on ne le dit", avec notamment "la suppression du bouclier fiscal" et une
transformation de l'impôt sur la fortune (ISF). "Je crois que la réforme fiscale est plus facile à faire qu'on ne le dit ou ne le croit", a-t-il affirmé.
"On peut trouver une réponse qui permette à la fois d'avoir une fiscalité raisonnable, que les plus riches participent, que l'impôt sur le patrimoine ou le capital
soit réécrit pour que tout le monde soit assuré que ce n'est pas parce qu'on est le plus riche qu'on va payer le moins, ce qui est la situation créée par le bouclier fiscal", a-t-il encore
expliqué, ajoutant qu'il s'était notamment prononcé pour une réforme de l'ISF. "Tout le monde la fera, même ceux qui prétendent le contraire parce que c'est un impôt mal ficelé qui a des
conséquences négatives", a-t-il rappelé.
"Je suis pour qu'on explore la piste de la transformation de l'ISF - à l'impôt sur le revenu, on ajouterait une partie des revenus du patrimoine - et pour la
création d'une tranche supplémentaire de l'impôt sur le revenu", a dit François Bayrou, mais il "s'est dit également "plus prudent" voire "sceptique" mais "pas fermé" quant à la création d'une
TVA sociale.
"Cela veut dire qu'on fait payer aux consommateurs la partie de charges sociales qui est actuellement assumée par ceux qui achètent les produits français à
l'étranger. Donc cela cible beaucoup les retraités, tous ceux pour qui la consommation est une part très importante du budget", a souligné François Bayrou.