François Bayrou a gagné deux points de
popularité en janvier ce qui lui permet d'accèder à la quatrième place du tableau de bord Paris-Match Ifop publié mardi, loin devant tous les autres candidats à la présidentielle.
François Bayrou, qui gagne une place avec 66% de
bonnes opinions, devance largement François Hollande qui, à la 10e place, cède deux points à 53%.
Nicolas Hulot (71%, +3)
; Jacques Chirac (70%, -3)
; Bertrand Delanoë (67%,
stable)
François Bayrou (66%,
+2) ; Alain Juppé (64%, +1)
; Jack Lang (56%, -6)
François Fillon (53%, -2)
; François Hollande (53%, -2)
; Manuel Valls (50%)
Jean-Pierre Raffarin (47%)
; Jean-Luc Mélenchon (47%, +1)
; Dominique de Villepin (43%,
-3)
Hervé Morin (40%, + 1)
; Nicolas Sarkozy (37%, -3)
; Eva Joly (33%, -4)
Marine Le Pen (33%, +2)
; Nicolas Dupont-Aignan (19%, -2)
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À moins de 100 jours de la présidentielle, François Bayrou peut garder le sourire. Selon un sondage Ifop pour Paris
Match publié mardi, le candidat du MoDem est préféré par 64% des Français en cas de duel avec Nicolas Sarkozy, qui lui ne recueille que 34% des réponses, qui ne sont toutefois pas des
intentions de vote. Le centriste dépasse ainsi son rival du PS et jusque-là favori des sondages, François Hollande, crédité de 56% contre 41% pour le président sortant. Stéphane Rozès, président
de CAP (Conseils, analyses et perspectives), analyse la forte poussée du centriste.
LEFIGARO.FR - Comment s'explique l'actuelle percée de François Bayrou dans les sondages?
Stéphane ROZÈS - Deux éléments de conjoncture ont permis de créer cette dynamique. Tout d'abord,
François Bayrou a rappelé, dès l'annonce de sa candidature (le 7 décembre 2011, ndlr), qu'il avait été le premier à pointer du doigt la question de la dette, qui frappe actuellement l'Union
européenne. Il a aussi été le premier à dire que Nicolas Sarkozy n'assumait pas convenablement la fonction présidentielle et la rabaissait. Cette critique a retrouvé un écho favorable parmi
l'électorat de centre-droit, qui s'était abstenu de voter pour l'UMP lors des dernières cantonales, régionales et municipales, essentiellement sur cette question.
Le flottement qui a entouré le début de campagne de François Hollande a-t-il pu jouer?
C'est le dernier facteur. Beaucoup d'électeurs qui avaient été séduits par le candidat du PS ont été mécontents qu'il ait
laissé s'interposer le Parti entre les Français et lui. Et François Bayrou a très bien su profiter de ce sentiment. Toutefois, cette dynamique risque de se tarir avec le nouveau positionnement de
François Hollande, qui, lors de son premier grand meeting de campagne dimanche, a montré sa volonté de rétablir un lien plus direct et plus personnel avec les citoyens. Bayrou ne devrait pas pour
autant forcément redescendre dans les sondages, mais peut-être arrêter de monter un peu. A condition bien sûr, que François Hollande maintienne sa nouvelle ligne.
Qu'en est-il de son argumentaire «ni droite, ni gauche»?
Le sujet pour une présidentielle n'est pas tant la question de la droite et de la gauche que celle du lien direct avec le
pays. Le candidat socialiste nous l'a encore montré dimanche. En parlant de la France, il a construit un lien vertical, qui ne se définit pas par rapport aux autres candidats, sur un axe
horizontal, mais par rapport à l'idée qu'il se fait du pays et de la République.
Dans les périodes de crise, les Français sont d'abord attentifs au parcours des candidats, puis à leur projet, et enfin à
leur programme. On a changé d'époque, on n'est plus dans les sujets techniques des années 80-90. On est sur la question de la symbolique et François Bayrou avait été le premier à le dire, à juste
titre, en 2007.
Comment les Français perçoivent-ils François Bayrou?
Leur perception n'a pas beaucoup changé depuis les années 90. François Bayrou bénéficie toujours d'une image d'intégrité
et d'authenticité, ainsi que d'une posture gaullienne. Mais les Français se posent aussi toujours la même question: le discours qu'il propose, qui peut être jugé souhaitable par une grande partie
de la population, est-il crédible? C'est la grande interrogation restée sans réponse en 2007, puisque lorsqu'il a commencé à tutoyer les scores de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy dans les
intentions de vote, il n'a pas montré qu'il pouvait passer à un autre registre que celui de la critique de la gauche et de la droite. La question demeure aujourd'hui.