Corinne Lepage et la taxe carbone

A l'occasion de la Conférence sur la contribution climat énergie (taxe carbone) présidée par Michel Rocard et rassemblant pendant deux jours des économistes, industriels, syndicalistes, et représentants des ONG, voici une interview de Corinne Lepage, députée européenne et vice-présidente du Modem, au quotidien Les Echos de ce jour.
Corinne Lepage sera l'invitée de Soir 3, sur France 3, le 4 juillet à 23h00.
« S'y mettre le plus tôt possible »
Ancienne ministre de l'Environnement (dans le gouvernement Juppé), candidate à la présidentielle de 2002, Corinne Lepage est députée européenne et vice-présidente du Modem de François Bayrou.
Faut-il mettre en place la taxe carbone dès 2010 ou est-il préférable d'attendre, pour faire les choses bien ?
Il faut s'y mettre le plus tôt possible, dès 2010. Parce que les difficultés techniques à mettre en oeuvre la taxe carboone seront tout aussi fortes
en 2011, 2012 ou 2013. Parce que l'instaurer va donner un signal prix extrêmement fort permettant de rentabiliser toute une série d'activités économiques et donc de relancer l'activité vers les
secteurs du XXIe siècle. Et, enfin, parce que, dans les autres pays européens, la réflexion est relancée. Certains ont déjà une taxe carbone. D'autres, comme la Belgique, réfléchissent à la
manière de réaffecter la rente nucléaire en faveur des consommateurs et des énergies renou- velables.
Mais c'est techniquement très compliqué...
C'est vrai. Mais même si on ne peut pas tout faire tout de suite, on pourrait au moins mettre en place la taxe carbone sur certains secteurs. A commencer par le secteur pétrolier. Il faut lancer
le mouvement et donner une visibilité à toutes les démarches industrielles qui se mettent en place, que ce soit dans le domaine de l'efficacité énergétique (diminution des émissions) ou dans
celui des énergies alternatives (pas d'émissions). Plus on s'approchera de la présidentielle, moins cela apparaîtra comme une nécessité et plus ce sera difficile.
Faut-il taxer l'électricité ?
Oui. Il faut être cohérent et impérativement encourager la baisse de la consommation électrique, qui est une consommation énergétique. Il est aussi indispensable, puisqu'on entre dans un système
de vérité écologique des prix, d'entrer dans un système de vérité écologique du nucléaire. Cela veut dire que, quelque part, il faut que le nucléaire, qui n'est
pas une énergie propre, paye pour les rejets des déchets qu'il génère. Pourquoi pas une étiquette « rejets et déchets radioactifs » sur les produits, comme il y en aura sur le CO2 ?
L'argent dégagé devrait-il servir à compenser la taxe professionnelle ou faut-il le reverser aux Français et aux entreprises ?
On pourrait aussi en reverser une partie aux collectivités locales, les plus gênées par la suppression de la taxe professionnelle. Moi, je pense surtout qu'il faudra l'affecter à la reconversion industrielle, à la recherche-développement et à la création d'entreprises, surtout les PME, dans le domaine de l'économie verte.
Aider à la reconversion industrielle et développer les nouvelles activités économiques est un besoin impératif. Or, aujourd'hui, on manque d'argent pour le faire.
(c) Les Echos 02/07/09
http://www.lesechos.fr/info/france/4882347-taxe-carbone-le-debat-se-deplace-de-l-opportunite-au-calendrier.htm
(c) Les Echos 02/07/09
http://www.lesechos.fr/info/france/4882347-taxe-carbone-le-debat-se-deplace-de-l-opportunite-au-calendrier.htm
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