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Le Blog du MoDem de Colombes

Il y à 67 ans, la Rafle du Vel' d'Hiv

18 Juillet 2009, 23:01pm

Publié par MoDem-Colombes




Initiée à Colombes depuis de nombreuses années par l’AFMA 92 (Association fonds mémoire d’Auschwitz) et son président Serge Frydman, la cérémonie de commémoration de la Rafle du Vélodrome d’Hiver des 16 et 17 juillet 1942 se déroulera ce dimanche 19 juillet 2009 à 16h00 à Colombes, à l’angle de l’avenue Henri Barbusse et de la rue Bouin, dans 
le cadre maintenant de la journée nationale dédiée à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'Etat français sous le régime de Vichy et d'hommage aux "Justes" de France.

Après des dépôts de gerbes et les discours du maire et du président de l'AFMA 92, il y aura le témoignage d'un professeur d'histoire allemand Anton Posset.

Les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 juifs de Paris et du Département de la Seine, dont 24 colombiens, étaient arrêtés par la police française au cours d'une opération baptisée cyniquement "vent printanier". La plupart d'entre eux mourront à Auschwitz.  Aucun des 4 115 enfants déportés n'est revenu.

Passés dans l'histoire sous le nom de "rafle du Vélodrome d'Hiver", du nom du lieu où une partie d'entre eux ont été conduits avant leur transfert vers les camps d'internement de Drancy, Beaune-la-Rolande ou Pithiviers, cette vague d'arrestations ne fut ni la première, ni la dernière. Mais elle a été la plus massive. 
Les premières rafles ont eut lieu le 14 mai 1941, les dernières au printemps 1944. En tout, 76 000 Juifs de France ont été déportés vers les camps nazis, dont bien peu sont revenus.

4500 policiers, selon les chiffres généralement retenus, ont pris part à l'opération des 16 et 17 juillet organisée à la demande des autorités d'occupation, mais sans leur participation. En outre, une cinquantaine d'autobus de la compagnie du métropolitain ont été réquisitionnés avec leurs conducteurs.


La rafle devait en principe concerner les seuls juifs étrangers (la déportation des juifs de nationalité française viendrait plus tard) dont une liste avait été dressée mais les autorités françaises ont pris l'initiative d'y adjoindre les enfants, et devant l'insuffisance de la prise (la police tablait sur 22 000 arrestations) on s'est parfois montré peu regardant sur la nationalité.


La rumeur circulait depuis quelques temps d'une telle opération parmi la population juive, mais certains pensaient qu'elle ne concernerait que les hommes comme les précédentes, d'autres ne pouvaient pas y croire, la plupart de toutes façons n'avaient pas où aller.


La circulaire* du directeur de la police municipale Emile Hennequin précisait que les opérations devaient être effectuées "avec le maximum de rapidité, sans paroles inutiles et sans aucun commentaire". Les enfants ne devaient pas être confiés aux voisins mais emmenés en même temps que les parents.


Les célibataires et les couples sans enfants ont été conduits directement au camp de Drancy, ouvert en août 1941, en vue d'une déportation rapide vers Auschwitz, tandis que les familles étaient dans un premier temps emmenés au vélodrome d'hiver.

Les familles resteront plusieurs jours dans le vélodrome dans des conditions épouvantables, car rien n'avait été prévu pour elles, ni sanitaires, ni eau, ni nourriture, ni matelas. Les gens, qui n'avaient eu le droit d'emporter que deux bagages dont un de vivres, s'entassaient sur les gradins parmi les pleurs des enfants et les odeurs d'excréments.

La collaboration de la police française à la chasse aux Juifs décidée par les nazis dans la zone d'occupation avait été facilité par la politique résolument antisémite adoptée par le régime de Vichy, dès son installation: il instituait "un statut des juifs" le 3 octobre 1940, interdisait toute une série de professions (avocat, médecin, magistrat...) aux Juifs, créait le 29 mars 1941 un commissariat aux questions juives"...


La collaboration de la police française à la chasse aux Juifs décidée par les nazis dans la zone d'occupation avait été facilité par la politique résolument antisémite adoptée par le régime de Vichy, dès son installation: il instituait "un statut des juifs" le 3 octobre 1940, interdisait toute une série de professions (avocat, médecin, magistrat...) aux Juifs, créait le 29 mars 1941 un commissariat aux questions juives"...

En zone occupée le port de l'étoile jaune avait été imposée aux Juifs le 7 juin 1942. Dès lors, pour ceux qui n'avaient pas eu les moyens de fuir, ou qui n'avaient pas pu éviter de se faire recenser en octobre 1940, il n'y avait plus d'échappatoire.


*

Paris, le 13 Juillet 1942
Circulaire n° 173-42

À Messieurs les Commissaires Divisionnaires, Commissaires de Voie Publique et des Circonscriptions de Banlieue.

[...] Les Autorités Occupantes ont décidé l’arrestation et le rassemblement d’un certain nombre de juifs étrangers. La mesure dont il s’agit ne concerne que les juifs des nationalités suivantes :
Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchécoslovaques, Russes (réfugiés ou soviétiques, c’est-à-dire « blancs » ou « rouges »), Apatrides, c’est-à-dire de nationalité indéterminée.
Elle concerne tous les juifs des nationalités ci-dessus, quel que soit leur sexe, pourvu qu’ils soient âgés de 16 à 60 ans (les femmes de 16 à 55 ans). Les enfants de moins de 16 ans seront emmenés en même temps que les parents [souligné par nous].Vous constituerez des équipes d’arrestation. Chaque équipe sera composée d’un gardien en tenue et d’un gardien en civil ou d’un inspecteur des Renseignements généraux ou de la Police Judiciaire.

[...] Les équipes chargées des arrestations devront procéder avec le plus de rapidité possible, sans paroles inutiles et sans commentaires. En outre, au moment de l’arrestation, le bien-fondé ou le mal-fondé de celle-ci n’a pas à être discuté. C’est vous qui serez responsables des arrestations et examinerez les cas litigieux qui devront vous être signalés [souligné par nous].

[...] Des autobus, dont le nombre est indiqué plus loin, seront mis à votre disposition. Lorsque vous aurez un contingent suffisant pour remplir un autobus, vous dirigerez :
– sur le Camp de Drancy : les individus ou familles n’ayant pas d’enfants de moins de 16 ans ;
– sur le vélodrome d’Hiver : les autres.
Vous dirigerez alors les autobus restants sur le vélodrome d’Hiver.

[...] Enfin, vous conserverez, pour être exécutées ultérieurement, les fiches des personnes momentanément absentes lors de la première tentative d’arrestation.

Pour que ma Direction soit informée de la marche des opérations, vous tiendrez au fur et à mesure, à votre Bureau, une comptabilité conforme au classement ci-dessus. Des appels généraux vous seront fréquemment adressés pour la communication de ces renseignements. Parmi les personnes arrêtées, vous distinguerez le nombre de celles qui sont conduites à Drancy de celles qui sont conduites au vélodrome d’Hiver.
Pour faciliter le contrôle, vous ferez porter au verso de la fiche, par un de vos secrétaires, la mention « Drancy » ou « vélodrome d’Hiver » selon le cas.
Les services détachant les effectifs ci-dessous indiqués devront prévoir l’encadrement normal, les chiffres donnés n’indiquant que le nombre des gardiens. Les gradés n’interviendront pas dans les arrestations, mais seront employés selon vos instructions au contrôle et à la surveillance nécessaires.
Total des équipes : 1472 ; total des gardiens en civil ou en tenue : 1568. En outre : 220 Inspecteurs des Renseignements Généraux et 250 Inspecteurs de la Police Judiciaire.
Garde des Centres primaires de rassemblements et accompagnements des autobus. Total des gardes et gardiens : 430.

Circonscriptions de banlieue
[... ] Totaux : 60 gendarmes, 20 gardiens en tenue et 53 gardiens en civil.
La Compagnie du Métropolitain, réseau de surface, enverra directement les 16 et 17 juillet à 5 heures aux Centraux d’Arrondissements où ils resteront à votre disposition jusqu’à fin de service : 44 autobus.
En outre, à la Préfecture de Police (caserne de la Cité) : 6 autobus.
[...] La Direction des Services Techniques tiendra à la disposition de l’État-Major de ma Direction, au garage, à partir du 16 juillet à 8 heures : 10 grands cars.
[...] De plus, de 6 heures à 18 heures, les 16 et 17 juillet, un motocycliste sera mis à la disposition de chacun des IXe, Xe, XIe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements.
La garde du vélodrome d’Hiver sera assurée, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, par la Gendarmerie de la région parisienne et sous sa responsabilité.

Tableau récapitulatif des fiches d’arrestations : Paris : 25 334 ; banlieue : 2 057 ; total : 27 391.

Le Directeur de la Police municipale, Hennequin.

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O
Preuve que je n'étais pas complètement hors-sujet, lors des commémorations, un haut-représentant de la communauté juive, a aussi fait le rapprochement entre ces 2 évènements.
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M
<br /> J'avais imaginé à tort une polémique non pas sur le fond, pour lequel je suis à 100% d'accord, mais dans la reprise fortuite du titre de votre article.<br /> <br /> <br />
O
Cetes, mais je trouve qu'il me semblait utile de dépasser le sujet et de parler de l'antisémitisme de façon générale. Cela dit, bon article.
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O
Amis de Colombes bonjour, je suis un peu déçu de ne pas être mentionné alors que j'ai publié un article sur le Vel d'Hiv, jeudi dernier le 16, jour anniversaire de l'évènement. Dommage ! Voici le lien : http://ffunivers.blogspot.com/2009/07/il-y-67-ans-la-rafle-du-vel-dhiv.html
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M
<br /> Le sujet est à mille lieues d'une quelconque polémique.<br /> <br /> <br />