Différents courants politiques (sauf l'UMP et le PS) disent non à la construction du nouvel aéroport de Nantes (à Notre-Dame-des-Landes). Ce
projet d'Etat n'est pas une question locale, mais bien un enjeu du débat national.
Ce n'est pas tous les jours que Cécile Duflot (EELV), François Bayrou (MoDem), Christine Poupin (porte-parole du NPA) ou encore le député ex-PCF
Patrick Braouezec partagent une même tribune, avec des responsables d'associations nationales pour une conférence de presse.
Ce fut pourtant le cas hier à l'Assemblée Nationale, où François de Rugy (EELV) a donné hier la parole aux représentants nationaux des
organisations politiques et associatives opposées au projet.
"Ecologiquement absurde", "inutile économiquement", "financièrement insupportable"...les responsables politiques et associatifs qui se sont
exprimés ont chacun fait état de leurs doutes ou de leur opposition au projet. Les arguments n’ont pas changé depuis la création, en 1970, de l’Association de Défense des Exploitants
Concernés par l’Aéroport (ADECA) : Nantes dispose déjà d’un aéroport loin d’être saturé ; l’installation d’un nouvel équipement aéroportuaire entrainerait la destruction de plus de 2000
hectares de terres agricoles, la délocalisation de 80 exploitations et la liquidation d’une centaine d’emplois ; le coût s’élève à 551 millions d’euros, dont près de la moitié sera financée par
des fonds publics…
"Ce projet, c'est d'abord un déni de démocratie", estime le député "alternatif" Patrick Braouezec. "Le premier reproche qu'on doit lui faire,
c'est de ne pas avoir fait l'objet d'une vraie concertation et d'une décision démocratiquement élaborées".
"Symbole d'un mode de développement que nous ne pouvons plus accepter" aux yeux de la représentante du NPA, le projet d'aéroport concentre "tout
ce que nous ne voulons plus voir", insiste le représentant du Parti de Gauche, qui dénonce "l'incohérence environnementale, le choix d'un développement basé sur des vols low-costs, c'est à dire
sur le dumping social, l'incapacité des décideurs à remettre en cause de vieux projets, conçus au temps du pétrole bon marché et sans conscience des enjeux climatiques".
Une incohérence pointée du doigt par François Bayrou, qui juge que "le label HQE d'un projet qui conduirait à la suppression de 2.000 hectares de
terres agricoles, c'est une sinistre plaisanterie". "Les responsables que nous sommes, réunis ici, ne partagent pas toujours les mêmes convictions - c'est un euphémisme. Mais nous sommes ici
pour témoigner que, sur le terrain, des femmes et des hommes, divers eux aussi, mènent un même combat. Un combat juste que nous faisons nôtre".
Le discours deFrançois Bayrou a crée des remous en fustigeant un projet « soutenu tant par le PS que par l’UMP », il s’est fait reprendre par
Cécile Duflot, qui a tenu à préciser que « beaucoup de socialistes ont des doutes ». Ni elle, ni son collègue François de Rugy n’ont, en revanche, pas su dire qui, au PS, a pris officiellement
position contre la construction d’un nouvel aéroport à Nantes… Geneviève Lebouteux, conseillère générale écologiste de Loire Atlantique, a rappelé qu’au niveau local, le Parti Socialiste est
«verrouillé » par la toute-puissante armée d’amis de Jean-Marc Ayrault.
Pour Cécile Duflot, l'opposition au projet va même au-delà du spectre représenté lors de cette conférence de presse : "chez les socialistes, il y
a aussi des gens qui doutent de plus en plus de la pertinence du projet", avance-t-elle. "L'opposition à NDDL continue de progresser dans la société".
Une opposition qui est animée par de nombreuses associations au plan local et au plan national, comme le rappelle la représentante d'ATAC,
Juliette Rousseau. Outre Greenpeace, le WWF et la FNE, non présentes pour des raisons d'agenda de leurs responsables, mais qui ont exprimé leur soutien au mouvement citoyen, Philippe Collin,
porte parole national de la confédération paysanne en témoigne : "c'est un vrai choix de société qui se pose et qui concerne tous les Français".
Le mot de la fin revient aux "régionaux" Geneviève Lebouteux pour le Collectif des élus qui doutent de la pertinence de l'aéroport et Dominique
Fresneau de l'ACIPA : "ce combat, nous le menons depuis des années. Nous avons eu à contrer des arguments qui évoluent sans cesse : accueillir le Concorde à l'origine, aujourd'hui assurer le
rayonnement international du territoire.
C'est oublier qu'il existe à Nantes un aéroport international, que le nombre de vols baisse, à la différence de celui des passagers, car les avions ont de plus
grandes capacités... Les Anglais ont pris la décision de ne plus construire de nouveaux aéroports, et d'optimiser l'existant. Quand sera-t-on capable de faire de tels choix courageux en France
?"
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