Jean Arthuis, sénateur de la Mayenne, Président de l’Alliance centriste, pourtant à l'origine de la création de la Confédération du centre,
l’Ares, emmenée par Jean-Louis Borloo, estime que des éléments ne sont pas réunis pour y adhérer.
Jean Arthuis joue les trouble-fêtes. Samedi, son petit parti, l'Alliance centriste, est
censé voter pour ou contre son adhésion à une autre alliance : l'Alliance républicaine écologique et sociale (Ares), de Borloo, Morin, Bockel et Charrette. La réponse, tout le monde la connaît : ce
sera non. La raison ? Jean Arthuis ne cesse de le répéter : le seul "rassemblement" possible est à l'hypercentre, c'est-à-dire à équidistance de la gauche et de la droite. Autrement dit : ni dans
un accord de partenariat avec la majorité actuelle, comme l'Ares, ni dans un rapprochement avec le Parti socialiste. C'est donc dans cet esprit "d'indépendance" que Jean Arthuis a invité François
Bayrou, samedi.
Pour le président du MoDem, c'est l'occasion de montrer qu'il est, "quoi qu'on en dise, un artisan du
rassemblement du centre", explique-t-on au MoDem. "C'est important, car il y a aujourd'hui une vraie place au centre, avec un rejet de l'UMP et un PS qui peine à susciter un véritable désir de
gauche." Sans oublier les avantages sur le plan de la communication : sa petite excursion médiatisée de samedi permettra à Bayrou de sortir de son isolement, à "montrer qu'il a finalement des
convergences avec d'autres centristes", précise-t-on dans son entourage. Déjà la semaine dernière, François Bayrou avait invité Arthuis, Pierre
Méhaignerie ou encore le ministre de la Justice Michel Mercier au siège de son parti. Mais, attention, le président du MoDem tient à "respecter ses alliés potentiels de demain", veut-on faire
savoir. Histoire de laisser entendre que d'autres électrons libres proches du centre ou ex-villepinistes perdus dans l'espace politique pourraient songer à un rapprochement...
Si Arthuis, lui, est ravi d'attirer l'attention avec la présence de l'homme qui incarne le plus le centre aux yeux des
Français, il prévient : "On ne construira rien sur le ciment de l'anti-sarkozysme. Ni Morin, ni Bayrou. Il faudra d'une part avoir le courage de former des propositions qui rompent avec les
tabous et, d'autre part, que l'on s'engage résolument dans cette campagne."
Déjeuner
Arthuis-Borloo
Quant à l'autre candidat à la présidentielle en puissance, Borloo, il sera bien sûr absent samedi. Pas
question de bouger de sa ligne de centre droit, en "partenariat avec la majorité". Pour autant, Arthuis affirme qu'il poursuit son combat pour être le "catalyseur du rassemblement" au centre -
qui est la raison d'être de l'Alliance centriste depuis sa création en 2009 - avec une obstination qui frise l'inconscience... ou la mauvaise foi. "Croyez-vous encore réellement à un
rapprochement entre Bayrou et Borloo ?" l'interroge-t-on, incrédule. "Naturellement", répond-il, peinant à cacher son amusement. "L'élection, c'est dans dix mois, la messe n'est pas dite. Il y
aura d'autres rencontres, d'autres discussions."
Officiellement donc, ses portes restent ouvertes. S'il a séché les congrès des quatre autres
formations de l'Ares, histoire de montrer son désaccord sur la
stratégie, il a malgré tout envoyé des invitations à ses quatre coprésidents. Aucun d'entre eux ne viendra, bien sûr. Pas même Hervé Morin, avec qui Arthuis avait un temps envisagé une
alliance. Mais le président de l'Alliance centriste ne peut s'empêcher de préciser qu'il a déjeuné avec Jean-Louis Borloo jeudi. "Un moment amical", promet-il. "Il m'a confirmé qu'il ne
viendrait pas, je m'y attendais. Mais il n'y a rien de brisé entre nous. Seulement deux visions stratégiques." Côté radical, pourtant, tout est fait pour minimiser la portée de l'événement. Et ne
pas laisser penser qu'un autre rassemblement est possible.
(c) LePoint
Le 2 juillet à Angers, Jean ARTHUIS a invité François BAYROU, Jean-Marie
BOCKEL, Jean-Louis BORLOO et Hervé MORIN, toujours dans le but de rassembler tous les centristes. Seul un centre organisé peut prétendre gouverner le pays. Pierre MEHAIGNERIE et Edouard TETREAU interviendront sur la compétitivité, l'emploi et
le pouvoir d'achat ; Jean-Louis BOURLANGES et Sylvie GOULARD interviendront sur l'Europe face à la crise: implosion ou fédéralisme ? ; Muguette DINI et Martin HIRSCH interviendront
sur la solidarité et la justice sociale.
Le sénateur Jean Arthuis a été reçu hier après-midi à l'Elysée.
Réélu à 88,5 % des voix président de l’Alliance centriste, Jean Arthuis a fait adopter une motion à
la fin de sa convention nationale, tenue ce samedi à Angers. Cette motion salue la création de la confédération du centre, l’Ares, emmenée par Jean-Louis Borloo, mais estime que des éléments ne
sont pas réunis pour y adhérer. Jean Arthuis en est pourtant à l'initiative. « Nous exprimons notre impatience d’adhérer à la confédération dès que seront établis son
indépendance, son positionnement au centre, son ouverture à tous les centristes dont François Bayrou et le MoDem. Là, nous avons des doutes à l’image de la proclamation de notre ralliement au
second tour avant le premier tour. Pour l’immédiat, l’Alliance centriste confirme qu’elle est prête à s’associer à l’étude du projet que portera le candidat centriste lors de la prochaine
élection présidentielle. »