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Le Blog du MoDem de Colombes

Voeux de François Bayrou (2)

9 Janvier 2008, 12:04pm

Publié par MoDem-Colombes


F.Bayrou : voeux à la presse
undefinedBayrou: "Un cadeau aux chaînes privées"

A l'occasion de la présentation de ses voeux à la presse, le président du MoDem, François Bayrou, a réagi à la proposition de la suppresion de la publicité sur les châines du service public suggérée par Nicolas Sarkozy. "C'est un formidable cadeau fait aux chaînes privées. Ce sont des orientations lourdes et profondes qui auraient dues êtres réfléchies à l'avance. Que va devenir la redevance? Il va falloir créer des taxes nouvelles pour la compenser. Des annonces à l'avance auraient éviter ces envolées boursières. Ce ne sera pas perdu pour tout le monde", a déclaré François Bayrou.

Bayrou: Sarkozy a "un côté puéril"

Lors de la présentation de ses voeux, François Bayrou est revenu sur la conférence de presse donnée mardi par Nicolas Sarkozy. Pour le leader du MoDem, les déclarations du chef de l'Etat ne sont que des déclarations de bonnes intentions inapplicables: "On annonce aujourd'hui que l'on va tout changer. Il y a un côté puérile, enfantin dans cette idée que l'on va tout remettre à plat comme ça, sans concertaion préalable. Et au final, c'est la démocratie qui souffre...", a-t-il expliqué.

(c) jdd.fr

En savoir plus : 
 - Laurent Trupin, tête de liste MoDem à Colombes, a assisté aux voeux de François Bayrou : http://laurent.trupin.over-blog.com/article-15477718.html
 - L'intégralité du discours de François Bayrou :

Voeux de François Bayrou

Pouvoir d'achat, politique économique, institutions, politique de la santé, méthode de la réforme ce sont quelques uns des thèmes abordés par François Bayrou lors de ses voeux à la presse, le 9 janvier 2008. Le président du Mouvement démocrate a, en particulier, souligné la confusion, l'absence de sens dans l'action du gouvernement, : "On a une impression d?improvisation, d'influences contradictoires, de foucades, toujours assénées sur le même ton volontariste, mais où est la logique, où est la cohérence, où est la préparation, où est la négociation préalable."

Mes chers amis,

Je pense à chacun d’entre vous, journalistes qui êtes nos compagnons et nos interlocuteurs de tous les instants, élus (j’y tiens ces temps-ci plus que d’habitude), adhérents, militants et responsables de notre nouveau mouvement, sympathisants si nombreux parmi les Français de ce grand courant politique. Pour chacun d’entre vous je forme des vœux de bonheur personnel, de réussite, de courage, si vous traversez des épreuves, d’enthousiasme pour l’avenir, de fermeté dans vos choix.

Pour notre pays, je forme le vœu qu’il trouve son chemin, rassemblé, dans les temps troublés que nous traversons.

Le nouveau pouvoir est en place depuis huit mois.

Comme vous le savez, j’ai refusé d’appartenir à cette majorité nouvelle, et cela n’a pas été sans conséquences. Je l’ai fait pour des raisons lourdes, qui tiennent à l’essentiel, au projet politique et aux choix d’attitude personnelle qui sont ceux de Nicolas Sarkozy. J’ai fait ce choix sans rien ignorer de la dureté du chemin que je choisissais, ni de ce qu’il faudrait de fermeté d’âme –fermeté prometteuse- à ceux qui accepteraient ou choisiraient de faire ce chemin avec moi.

Tous les jours qui passent, je vérifie ce que cette intuition avait de fondé. Tous les jours qui passent, je vérifie, en tout cas, que les craintes qui étaient les miennes se réalisent les unes après les autres.


Quand on doit juger ces premiers mois, le premier mot qui vient, c’est confusion.

Je veux prendre le sujet qu’on nous disait principal, celui du travail et du pouvoir d’achat.

Les six premiers mois de ce mandat, les six premiers mois de gouvernement, on a dit aux Français, au fond, quelque chose de simple : « si vous voulez gagner plus, vous allez pouvoir le faire en travaillant plus, en faisant des heures supplémentaires, en faisant racheter vos journées accumulées de RTT ». Et on présenté cela comme la résolution des problèmes principaux du pays.

Il y a eu certes deux désillusions assez lourdes l’une et l’autre : la première, c’est que les Français ont découvert (l’ignoraient-ils vraiment ?) que les heures supplémentaires, cela ne se décrète pas, en tout cas que cela ne se décrète pas sur décision du salarié, que ce qui fait les heures supplémentaires, c’est le carnet de commandes de l’entreprise. Et la deuxième, c’est que pouvoir politique et pouvoir administratif, sans s’en rendre compte, ou au contraire sachant parfaitement ce qu’ils faisaient, ont fait du texte « libérant » les heures supplémentaires, une incroyable usine à gaz, absolument incompréhensible, même pour les DRH des entreprises, même pour les experts comptables.

Mais enfin, dans tous les bilans de fin d’année, chaque fois qu’un parlementaire de la majorité devait s’exprimer, il soulignait à l’envi le plus, la chance qu’avait représentée pour beaucoup de salariés, le plus des heures supplémentaires. Souvenez-vous : « pour un salarié au Smic qui accepte de travailler quatre heures de plus, cela représente ce mois-ci, une augmentation de 15 %... »

Et voilà que sans rien nous dire, sans nous avertir en quoi que ce soit d’un changement d’orientation du gouvernement, en fait, on a assisté ces derniers jours à un changement de cap à 180° ! Puisqu’on a découvert dans la lettre d’orientation du gouvernement, puis de la manière la plus explicite dans les déclarations de Nicolas Sarkozy hier que le but était désormais la disparition des 35 heures dans l’année. J’imagine que si l’on supprime les 35 heures, c’est pour allonger la durée légale du travail. Et donc on va remplacer des heures supplémentaires, payées 25 % de plus, non chargées et non imposées, par des heures normales, payées 25 % de moins, chargées et imposées ! Si je compte bien, c’est donc travailler plus pour gagner moins : un changement complet de politique du travail. Et s’il n’y a plus cette référence de la durée légale, alors plus de jours de RTT à récupérer ou à racheter.

L’impression de confusion est donc réelle et va être très lourde dès l’instant que les salariés, et notamment les cadres vont découvrir qu’on leur a dit en six mois deux choses absolument contradictoires.

On a une impression d’improvisation, d’influences contradictoires, de foucades, toujours assénées sur le même ton volontariste, mais où est la logique, où est la cohérence, où est la préparation, où est la négociation préalable ? Une nouvelle fois, il va falloir, dans les entreprises, défaire ce qu’on a fait avant de refaire ce qu’on avait défait…

Tant d’annonces, de dossiers ouverts, la plupart du temps oubliés sans avoir avancé, tout cela pose le problème de la méthode choisie pour « réformer ».

« Tout changer en même temps ».

C’est la stratégie annoncée. Si l’on ouvre les yeux, alors on aperçoit ce qu’il y a de leurre dans cette stratégie.

Il n’y a pas un pays, pas une société, contemporaine, complexe, où l’on puisse tout changer en même temps.

Les changements qui comptent sont peu nombreux. Ils demandent de gros efforts d’explication, une réflexion approfondie, de grands et durables efforts de pédagogie. Ils demandent un calendrier pour qu’un pays y réfléchisse, les accepte, les adopte.

La politique du tournis, pour nous, c’est le contraire d’une vraie politique de réforme. Le tournis  ne conduit pas le pays à la volonté durable d’adopter une nouvelle architecture sur quelques points essentiels. Et lorsqu’on s’y risque, alors la réalité se venge : elle revient en boomerang.

On l’a vu avec le pouvoir d’achat ! Entre « tout est possible », ce qui était évidemment un leurre, et « les caisses sont vides », ce qui est la vengeance de la réalité, entre « heures supplémentaires » et « fin des heures supplémentaires », il ne s’est pas écoulé huit mois.

On le verra à l’hôpital : les précédentes réformes ont mis des mois et des années de travail acharné avant d’être plus ou moins mises en place. On annonce aujourd’hui une fois de plus qu’on va tout changer !

Il y a un côté comment dirais-je puéril, enfantin, dans cette idée qu’on va tout mettre par terre et tout reconstruire, sans réflexion préalable, sans concertation. Au bout du compte, c’est la démocratie qui en souffrira, c’est l’action publique.

Et cela repose sur l’idée fausse que dans un pays comme le nôtre on peut décider de tout au sommet. Que le pouvoir d’un seul homme (c’est bien cela qu’on appelle monarchie, pouvoir d’un seul, et pas hérédité, simplement il y a des monarchies héréditaires et des monarchies électives…) peut être assez informé, omnipotent, pour décider de tout. Là encore, il y a du puéril, et du puéril qui n’est pas régressif que pour un seul, c’est régressif aussi pour la société : c’est un mal français de croire « qu’en haut » on peut décider de tout. Alors quand « en haut », on fait comme si c’était vrai, on aggrave cette faiblesse, cette névrose nationale. Toutes les institutions de la société, la démocratie sociale, au lieu de les déshabiller, il faut au contraire les responsabiliser.

Il faut non pas se précipiter dans une fuite sans fin, mais prendre le temps, de penser, d’expliquer, de convaincre.

Quel est le sens profond de tout cela, s’il y en a un ?

Une analyse est parue récemment dans le journal Challenge, signée par Denis Kessler, l’ancien numéro 2 du Medef, analyse brève, percutante, et donc d’autant plus intéressante. L’analyse est celle-ci : « La liste des réformes du gouvernement peut donner une impression de patchwork, on ne s’y retrouve pas, personne n’arrive à en voir la logique, en réalité la logique existe, il s’agit de défaire méthodiquement tout ce qui a été fait en France à partir du programme du Conseil national de la résistance. »

Là, en effet, nous sommes au cœur du sujet.

Est-ce que le modèle de société de la France républicaine, laïque, démocratique et sociale, ce modèle de société qui fait de la France un môle de résistance, est-ce que ce modèle est un modèle d’avenir ou un modèle du passé ? Est-ce qu’il faut corriger ses usures et ses dérives, inévitables en soixante ans, ou le déclarer nul et non avenu, le jeter comme un chiffon de papier pour adorer les nouveaux dieux ?

Je veux le dire au nom de beaucoup de Français : ces idéaux pour nous, qui étions, comme famille de pensée, partie prenante et piliers du conseil national de la résistance, ces idéaux, ce sont des idéaux d’avenir.

Résister à une société des rapports de force. Résister à une société qui considère les femmes et les hommes non pas comme des citoyens, mais uniquement comme des éléments de production et de consommation. Résister en réclamant d’y voir clair, d’être informés en temps utile, quand les décision se préparent, en exigeant la responsabilité qui seule permet l’épanouissement. Résister par l’éducation, par la culture. Résister par la démarche de coopération, de mutualisme. Dans le monde comme il est, dans la mondialisation dominée par un modèle unique, résister, c’est un projet de société et c’est un projet de civilisation.

Derrière ce grand rideau de fumée, il y a en effet une confrontation, une alternative, qui va recomposer la vie politique française.

Et c’est en effet une question de civilisation, c’est-à-dire si l’on cesse de se payer de mots pour produire un grand rideau de fumée, une question de valeurs. Et c’est précisément sur la question des valeurs que nous sommes en désaccord avec Nicolas Sarkozy, et que j’en suis persuadé, la France, la France éternelle, est en désaccord avec celui qui la gouverne.

La France, la France éternelle, elle a besoin qu’on lui dise la vérité, elle aurait eu besoin d’une politique de vérité notamment sur la dette et la dépense publique.

La France, la France éternelle, elle veut la laïcité, dans tous les domaines, aussi bien la distinction entre religion et État qu’entre vie publique et vie privée.

La France, la France éternelle, elle veut qu’il y ait dans la vie sociale des règles simples, qui protègent le faible contre l’abus, contre la position dominante du fort, et que le reste soit pris en charge par une démocratie sociale réelle exerçant sa pleine responsabilité.

La France, la France éternelle, elle veut que le monde des affaires et le monde de l’action publique soient clairement distingués, que l’un ne déborde pas sur l’autre. C’est pourquoi, par exemple, le président de la République française ne doit pas être l’obligé, pour ses déplacements et ses vacances, ou son confort, de l’une ou l’autre des puissances financières ou étrangères qui peuvent avoir intérêt à ces liens d’obligation.

La France, la France éternelle, elle veut une diplomatie de résistance et non pas une diplomatie de complaisance, à l’égard de quelque puissance que ce soit. Ainsi la voix de la France sera pondérée, originale et entendue. Pardonnez moi de le dire ainsi : je vois plus d’indépendance aujourd’hui, indépendance nationale et indépendance européenne, chez Angela Merkel que chez Nicolas Sarkozy, qui donne des gages à tous ceux qui ont la puissance, la plus impressionnante, comme les Etats-Unis, la Russie ou la Chine, ou la plus frelatée, comme Kadhafi.

C’est sur cette question des valeurs, en effet, des valeurs de civilisation, que peu à peu se concentrera le débat de l’avenir de la France.

En même temps, se posera inéluctablement, devant les résultats constatés et les dérives toujours plus nombreuses, la question de notre démocratie.

Tous les jours on ajoute des commissions aux commissions pour récrire notre constitution, en vérité pour que rien de décisif ne change. Un jour la question se posera aux Français la seule question qui vaille : savoir s’il est bon et s’il est juste pour notre pays, seul dans le monde, qu’un homme seul puisse s’arroger autant de pouvoirs sans aucun contre-pouvoir effectif.

Ma conviction est que la cinquième république était écrite pour des présidents sages.

C’est la sagesse qui aujourd’hui manque le plus.

Les mots utilisés comme rideau de fumée pour dire le contraire de la réalité, comme George Orwell l’avait prédit. On dit politique de civilisation, et la réalité est abandon de la civilisation au profit de la société de la force, de l’argent et de la « pipolisation ».

Les réformes abandonnées aussitôt que décidées, tout nouvel événement donnant lieu à l’annonce d’un nouveau texte alors que le précédent n’est pas encore appliqué.

Les annonces précédant toujours la réflexion, dans une fuite en avant éperdue, où le lendemain perd de vue ce qui a été dit la veille. Autrement dit, non pas une politique du durable, mais une politique de l’éphémère, entièrement concentrée non pas sur la conscience des citoyens, mais sur la communication.

Le jour viendra où les Français comprendront qu’ils sont de ce perpétuel abus de pouvoir, de cette fuite en avant, les premières victimes. La question de la démocratie, la question de nos institutions, elle n’est pas derrière nous, elle est devant nous. Le jour vient où la République et les citoyens français exigeront des institutions démocratiques : les équilibres nécessaires pour imposer la sagesse même à ceux qui en manquent le plus.

Ces deux enjeux, valeurs qui construisent un projet de société, aussi bien que d’authentique civilisation, et institutions qui font la démocratie, ces deux enjeux sont si grands, si cruciaux, l’attaque est si rude, qu’ils supposent des rassemblements nouveaux. Je vois bien que des Républicains, des démocrates, des citoyens de toutes opinions s’interrogent, y compris parmi ceux qui avaient fait une confiance sans mesure au candidat Nicolas Sarkozy. Ces interrogations préludent à la demande, à l’attente d’une alternative, d’une proposition politique pour que la France retrouve ses valeurs, une méthode calme et de fond pour la réforme, des institutions qui la rassurent et lui permettent de choisir son chemin. Je forme le vœu que l’année qui vient, après les échéances électorales locales, qui vont voir apparaître, de notre part, une démarche nouvelle, et des équipes nouvelles elles aussi, cette proposition politique se forme et s’affirme. Nous serons au rendez-vous.

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