C’est un épisode sombre de l’histoire que de nombreux
Français ignorent et de nombreux habitants de Colombes aussi. A la fin de l’année 1939, le stade Yves-du-Manoir a servi de camp pour recenser les étrangers allemands et autrichiens, dont beaucoup
avaient trouvé refuge en France après avoir été expulsés d’Allemagne pour s’être opposés au régime nazi.
Aujourd'hui, un comité constitué du maire de Colombes et de celui de sa ville jumelle, Frankenthal, d’élus de tous bords
et de représentants des différentes communautés religieuses dévoilent une plaque devant le stade au nom du devoir de mémoire.
Le conseil général des Hauts-de-Seine n’ayant pas autorisé la pose de la plaque sur le stade, qui lui appartient, le
maire PS de Colombes, Philippe Sarre, a proposé de l’ériger sur le sol de sa ville, à quelques mètres de l’entrée. En complément de cette cérémonie, une exposition est présentée actuellement à la
mairie de Colombes, qui a soutenu l’initiative portée par le Comité pour la mémoire d’Auschwitz et par l’association les Amis de la nature de Colombes.
« Les ressortissants allemands emprisonnés en 1932 et 1933 parce qu’ils étaient opposés au régime ont été libérés en
1938. Mais Hitler les a expulsés d’Allemagne », rappelle Serge Frydman, 75 ans, fils d’un déporté assassiné en 1943 dans le camp de Majdanek (Pologne).
Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne. « Les exilés allemands et autrichiens qui avaient
pourtant fui le nazisme ou l’antisémitisme deviennent par leur nationalité suspects. Le gouvernement français veut rassembler tous les hommes entre 18 ans et 65 ans pour en effectuer le contrôle
— soit 30000 à 40000 personnes », rappelle le Comité pour l’apposition d’une plaque sur le stade de Colombes. Le gouvernement réquisitionne donc des lieux susceptibles de les accueillir par
centaines ou milliers, comme le Stade de Colombes, qui, selon les estimations, en verra passer environ 20000 entre septembre et décembre 1939.
Des affiches invitant les étrangers à se présenter pour régulariser leur situation ont été posées un peu partout… «
Plusieurs camps avaient été ouverts en région parisienne », énumère Serge Frydman, « à Paris au Vél d’Hiv et à Roland-Garros, à la basilique de Saint-Denis, aux écuries de course de
Maisons-Laffitte (Yvelines) et au stade de Colombes, qui a fonctionné de septembre à décembre 1939. » Aucune photo n’a été retrouvée. « C’était interdit aux journalistes », assure Serge Frydman,
qui poursuit, « De là, les étrangers, des Allemands et des Autrichiens, étaient redirigés vers des camps d’internement en France. » Un tri était effectué entre ceux qui devaient servir la France
comme travailleurs ou en s’engageant dans la légion étrangère, ceux qui étaient libérés, gardés ou encore renvoyés en Allemagne. Le camp temporaire de Colombes, comme de nombreux autres mis en
place dans toute la France, a été surnommé depuis « camp des indésirables ». C’est d’ailleurs le nom choisi par le comité pour son blog :
http://campdesindesirables.blogspot.fr.
Parmi les milliers d’étrangers retenus dans ce camp, Adolf Küchler, 95 ans aujourd’hui. Polonais possédant un passeport
de réfugié allemand et pensant répondre à une simple formalité, il s’était présenté à Colombes pour régulariser sa situation. Il y est resté une semaine avant de se retrouver dans une unité de
travail militaire. Adolf Küchler assistera dimanche à la cérémonie.
(c) Le Parisien 17/11/12
Quand les étrangers deviennent des indésirables
Cérémonie dimanche 18 novembre 2012 à 14h30 aux abords du stade Yves-du-Manoir - Angle de la rue Paul Bert et du
boulevard Pierre de Coubertin à Colombes
- Allocutions et dévoilement de la plaque
- Lecture de messages par des écoliers de Colombes
- Lecture de textes par la Compagnie Umbral
- Lâcher de ballons par les jeunes du CSC du Petit-Colombes
- Interprétation de la Marseillaise par la chorale du Collège Alfred de Vigny de Courbevoie
- Vente de timbres
A partir du 13 novembre et jusqu'au 24 novembre 2012, Exposition "Colombes 1939-1945" - Hall de l'Hôtel de Ville de
Colombes.
A travers l’apposition d’une plaque mémorielle aux abord du stade de Colombes qui aura lieu dimanche 18 novembre 2012 à
14h30, en présence de personnalités de toutes tendances politiques, de militants de la mémoire, et de représentants des 4 principaux cultes, le Comité souhaite pouvoir s’appuyer sur cette
histoire pour renforcer la vigilance et la responsabilité de chacun face aux menaces permanentes du racisme, de l’antisémitisme, de l’intolérance et du fanatisme.
Les membres du Comité pour l’apposition d’une plaque sur le stade Yves-du-Manoir :
• Philippe SARRE, Maire de Colombes
• Théo WIEDER, Maire de Frankenthal (Allemagne)
• Chantal-BARTHELEMY-RUIZ, adjointe au Maire (PS) de Colombes déléguée aux actions mémorielles
• Kamel BOUHALOUFA, adjoint au Maire (non inscrit) de Colombes
• Patrick CHAIMOVITCH, adjoint au Maire (EELV) de Colombes
• Caroline COBLENTZ, conseillère municipale (UMP) de Colombes
• Michèle FRITSCH, conseillère générale (PCF) des Hauts-de-Seine et adjointe au Maire de Colombes
• Bernard LUCAS, conseiller général (PS) des Hauts-de-Seine
• Philippe PATTIER, adjoint au Maire (Citoyens Autrement) de Colombes
• Laurent TRUPIN, conseiller municipal (Démocrates) de Colombes
• Serge et Claudine FRYDMAN, comité pour la mémoire d’Auschwitz
• Marie-Paule BOUDIC, comité pour la mémoire d’Auschwitz
• Alexandre LAIGNEL, comité pour la mémoire d’Auschwitz
• Alain RAJOT, enseignant d’Histoire
• Samy ARZOINE, président du Centre Communautaire Israélite de Colombes
• Mohamed BENAKILA, aumônier musulman à l’hôpital Louis Mourier de Colombes
• Père Jean LECLERC, prêtre en retraite active de Colombes
• Pasteur Vincent NEME-PEYRON, église réformée d’Asnières, Bois-Colombes, Colombes
• Jean-Claude PERRIN, Entraîneur national du saut à la perche